par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes reculent jeudi après une ouverture indécise, le rebond spectaculaire de Wall Street la veille n'effaçant pas la crainte d'un impact négatif du coronavirus sur l'économie et les entreprises.
À Paris, l'indice CAC 40 perd 0,86% à 5.418,1 points vers 09h30 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 0,86% et à Londres, le FTSE recule de 1,16%.
L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro cède 0,92%, le FTSEurofirst 300 0,46% et le Stoxx 600 0,69%.
Les investisseurs ne sont que vaguement rassurés par la réactivité des banques centrales, notamment de la Fed, qui a baissé mardi ses taux de 50 points de base sans attendre sa prochaine réunion monétaire, prévue dans deux semaines.
D'autres instituts d'émission ont baissé leurs taux, notamment en Australie, en Malaisie et à Hong Kong, la banque centrale chinoise se contentant pour l'instant de mesures ciblées pour soutenir les entreprises les plus fragiles.
Les regards se tournent maintenant vers la BCE, le marché évaluant à 90% la probabilité qu'elle abaisse son taux de dépôt de 10 points de base la semaine prochaine pour le porter à -0,6%.
"Il semble que les récentes mesures annoncées par les banques centrales, mais également par les gouvernements, aient permis une accalmie temporaire sur les marchés", écrivent dans une note les analystes de Saxo Banque.
"Cette hausse ne traduit certainement pas un retour de la confiance en l'avenir mais reflète plutôt des rachats à bon compte après des semaines de baisse," ajoutent-ils.
Des doutes subsistent en outre sur la capacité des banques centrales à contrer les effets du virus, qui continue de se propager hors de Chine continentale, où il est apparu mi-décembre, avec d'importants foyers de contamination en Corée du Sud, en Iran et en Italie.
La Californie a déclaré l'état d'urgence sanitaire après le décès d'une première personne dans l'Etat et la France compte désormais 285 cas confirmés de contamination, soit une progression de 73 cas en 24 heures.
VALEURS
Les craintes persistantes entourant le coronavirus se traduisent en Bourse par des replis de 2,66% pour l'indice Stoxx des ressources de base et de 2,19% pour celui de l'automobile, tous deux très exposés à la Chine.
Plusieurs entreprises ont averti jeudi de l'impact du coronavirus sur leurs résultats à venir, notamment JCDecaux (PA:JCDX), qui perd 3,22%.
Le groupe français a dit prévoir une baisse de son chiffre d'affaires organique de l'ordre de 10% au premier trimestre 2020.
Ailleurs en Europe, la compagnie aérienne Norwegian Air a retiré toutes ses prévisions financières, également en raison des effets attendus sur ses comptes de l'épidémie, qu'elle dit ne pas pouvoir évaluer. L'action perd 3,49% à la Bourse d'Oslo.
A WALL STREET
L'indice Dow Jones a gagné mercredi soir 4,53%, soit 1.173,45 points, à 27.090,86. Le S&P-500, plus large, a pris 4,22%, à 3.130,09 points et le Nasdaq Composite a avancé de 3,85% à 9.018,09 points.
Le rebond ne doit cependant pas être interprété comme une validation des annonces de la Fed puisqu'il a été porté surtout par le retour de Joe Biden dans la course à l'investiture démocrate pour la présidentielle de novembre. Le programme économique de ce dernier convient en effet davantage aux marchés que celui de son rival Bernie Sanders.
Les contrats à terme sur les indices américains signalent un léger repli jeudi à l'ouverture.
EN ASIE
Dans la foulée du rebond de Wall Street, la Bourse de Tokyo a terminé en hausse de 1,09%.
En Chine continentale, les Bourses ont touché un plus haut de deux semaines, encouragées par les anticipations de mesures de soutien à l'économie et la baisse du nombre de nouvelles contaminations journalières.
L'indice CSI 300 des grandes capitalisations a avancé de 2,23% et l'indice composite de la Bourse de Shanghai a gagné 1,99%.
Les rendements obligataires s'apaisent après avoir fortement reculé, celui des Treasuries à 10 ans étant tombé mardi pour la première fois en dessous de 1% après les annonces de la Fed.
Il reprend jeudi un point de base à 1,01% dans les échanges en Asie.
Dans les premières transactions en Europe, son équivalent allemand remonte à -0,62%.
CHANGES
Le dollar se stabilise face à un panier de devises de référence après avoir profité mercredi de solides indicateurs américains. L'euro s'équilibre lui aussi, autour de 1,1137, après un pic à plus de 1,12 mardi.
PÉTROLE
Les cours du brut réduisent progressivement leurs gains après l'annonce d'une hausse moins forte que prévu des stocks de brut aux Etats-Unis.
Le baril de Brent avance de 0,1% à 51,16 dollars et celui du brut léger américain gagne 0,15% à 46,85 euros.
L'Arabie saoudite et d'autres pays producteurs de pétrole ne sont pas parvenus mercredi à convaincre la Russie d'accepter une nouvelle réduction de la production de pétrole afin d'enrayer la baisse des cours provoquée par l'épidémie de coronavirus, a-t-on appris mercredi auprès d'une source au sein du de l'Opep.
(édité par Blandine Hénault)