Les représentants de l'Union européenne et du Fond monétaire international étaient lundi à Lisbonne pour commencer à négocier avec les autorités portugaises les contours et les contreparties d'un plan d'aide financière qui doit être conclu d'ici la mi-mai.
Après les évaluations "techniques" menées la semaine dernière par des experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du FMI, leurs chefs de mission étaient dans la capitale portugaise pour "recueillir les opinions et les arguments de toutes les parties", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la délégation de la Commission à Lisbonne.
Le Danois Poul Thomsen, représentant du FMI, et les Allemands Jürgen Kröger et Rasmus Rüffer, respectivement à la tête des délégations de la Commission et de la BCE, sont arrivés dans la matinée au ministère des Finances sans faire de déclaration aux journalistes, et auraient ensuite rencontré le ministre Fernando Teixeira dos Santos, selon plusieurs médias locaux.
Ils doivent discuter mardi avec les représentants du patronat et des syndicats portugais, ont fait savoir ces derniers. Des réunions avec les partis politiques sont également attendues dans la semaine, a précisé le porte-parole de la Commission au Portugal.
L'UE comme le FMI se sont déjà dits prêts à aider le Portugal, mais à la stricte condition que Lisbonne adopte d'ici la mi-mai un "programme d'ajustement" qui devra comprendre des mesures d'austérité "ambitieuses" et une politique de "croissance et compétitivité" alliant réformes structurelles et privatisations.
Contrepartie d'une enveloppe financière pour l'instant estimée à environ 80 milliards d'euros, le futur programme d'austérité devra par ailleurs impliquer "les principaux partis politiques" portugais, en raison des élections législatives anticipées qui tiendront le 5 juin.
Le gouvernement socialiste et l'opposition ont ainsi annoncé mercredi dernier l'ouverture de négociations discrètes en vue d'un compromis politique qui permette au Portugal de s'engager sur les mesures à adopter, "indépendamment du résultat des élections".
Alors que les différentes forces politiques étaient occupées à élaborer leurs listes de candidats au Parlement, le Premier ministre José Socrates a appelé dimanche l'opposition à "mettre de côté la querelle électorale" et à "se concentrer sur la défense des intérêts du Portugal dans cette négociation si exigeante".
Le chef de l'opposition de centre-droit et favori des sondages, Pedro Passos Coelho, s'est déjà dit prêt à soutenir les efforts du gouvernement, tout en réclamant une "mise à plat" préalable de la situation financière du pays, plombé en 2010 par un déficit public de 8,6% du PIB et une dette de 159,5 milliards d'euros (92,4% du PIB).
Désavoué par le rejet au Parlement d'un nouveau plan d'austérité, le quatrième en un an, M. Socrates a démissionné le 23 mars, provoquant une crise politique qui a accentué la pression des marchés financiers et des agences de notation, inquiets pour sa solvabilité.
Menacé d'une rupture de financement due au niveau record des taux d'intérêt imposés aux emprunts d'Etat, le gouvernement a été contraint de solliciter le 7 avril une aide financière extérieure, comme la Grèce et l'Irlande l'an dernier. La conclusion d'un accord d'ici la mi-mai est crucial pour le Portugal, qui doit rembourser le 15 juin près de 5 milliards de dette. Dans ce contexte, l'Etat testera à nouveau les marchés mercredi, pour tenter de lever 750 millions à un milliard d'euros à court terme.