PARIS (Reuters) - La menace terroriste en France se situe encore "à un niveau extrêmement élevé", a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à l'avant-veille du procès des attentats de janvier 2015 à Charlie Hebdo, à Montrouge et à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris devant une cour d'assises spéciale.
Lors d'un discours prononcé au siège de la DGSI (Direction général de la Sécurité intérieure), le ministre de l'Intérieur a souligné que trente-deux attentats avaient été déjoués en France depuis 2017.
Dans la matinée, Jean-François Ricard, qui dirige le Parquet national antiterroriste (Pnat), avait précisé sur franceinfo que les services de renseignement avaient mis en échec au moins une demi-douzaine de projets d'attentats depuis janvier.
"Je voudrais insister sur le fait que (la menace terroriste) demeure à un niveau extrêmement élevé sur le territoire national. Nous devons donc maintenir notre plus grande vigilance", a insisté Gérald Darmanin.
Il a rappelé que depuis 2017, dix attaques sur le territoire national - dont trois cette année, le 3 janvier à Villejuif, le 4 avril à Romans-sur-Isère et le 27 avril à Colombes - avaient abouti à la mort d'une vingtaine de personnes.
"L'ouverture du procès (des attentats de janvier 2015) est l'occasion pour nous de rappeler que la lutte contre le terrorisme islamiste est une grande priorité du gouvernement. Elle exige une mobilisation totale", a ajouté le ministre de l'Intérieur.
"La composante extérieure de la menace doit continuer à faire l'objet de toute notre attention. La perpétuation de cette menace est notamment due à la forte résilience de l'Etat islamique qui avait anticipé sa défaite (militaire) en adaptant sa structure", a poursuivi Gérald Darmanin.
LE "DÉFI CROISSANT" DE LA "MENACE ENDOGÈNE"
"Mais c'est la menace endogène, dans nos murs, qui est devenue la plus prégnante et la plus forte, celle qui mobilise le plus l'attention des services de renseignement."
Cette menace représente un "défi croissant" pour les services de renseignement qui "assurent le suivi de 8.132 individus inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste".
Gérald Darmanin a également précisé que 505 individus condamnés pour terrorisme islamiste étaient actuellement recensés dans les prisons françaises, "auxquels s'ajoutent malheureusement 700 détenus de droit commun susceptibles de radicalisation".
De son côté, Jean-François Ricard a fait le point sur le sort des Français ayant combattu aux côtés des djihadistes et de leur entourage.
"Nous savons (...) qu'il y a environ 250 Français, hommes et femmes adultes, qui se trouvent en détention" dans la zone irako-syrienne, ainsi qu'environ 300 enfants, a-t-il dit, en ajoutant que 170 adultes, autant de femmes que d'hommes, étaient revenus en France dans le cadre des accords de coopération policière avec la Turquie.
"Chaque fois qu'une de ces personnes revient en France, elle est jugée", a insisté le magistrat.
Concernant ceux qui ont déjà été jugés et emprisonnés, 45 seront libérés cette année et 63 l'an prochain, a précisé Gérald Darmanin. Le suivi de ces anciens détenus doit être une des priorités voire la priorité numéro un des services de l'Etat, a-t-il souligné.
(Myriam Rivet et Jean-Stéphane Brosse, édité par Marc Angrand)