PARIS (Reuters) - Le Parlement européen réclame 339.000 euros à Marine Le Pen à la suite d'une enquête de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) sur l'emploi de deux assistants parlementaires, a-t-on appris lundi auprès de son avocat.
Il avait déjà réclamé 320.000 euros à son père Jean-Marie Le Pen, exclu du parti mais toujours président d'honneur, et d'autres sommes à d'autres eurodéputés mis en cause dans l'affaire des assistants parlementaires du Front national.
L'Olaf soupçonne la présidente du FN d'avoir fait payer les salaires de deux assistants par le Parlement européen alors qu'ils travaillaient en réalité pour le parti, selon Mediapart et Marianne, qui ont révélé l'information.
L'organisme a demandé en août dernier au Parlement européen de lancer une procédure de recouvrement à l'encontre de Marine Le Pen.
Quelques dizaines de milliers d’euros alloués par Bruxelles correspondraient à la rétribution de Thierry Légier, embauché comme assistant local de la présidente du parti d’extrême droite pendant quelques mois à la fin de l'année 2011.
Or, à cette date, Thierry Légier, qui a travaillé pendant vingt ans comme garde du corps de Jean-Marie Le Pen, assurait la protection permanente de la présidente du FN.
L'autre partie de la somme provient du salaire alloué à Catherine Griset pour son travail d'assistante de Marine Le Pen au Parlement européen. Selon Marianne et Mediapart, ce poste n'était pas compatible avec celui de secrétaire, puis de chef de cabinet de la dirigeante du FN.
Me Marcel Ceccaldi, l'avocat de Marine Le Pen, dénonce une "manoeuvre politique" de certains dirigeants européens à l'approche de l'élection présidentielle française et affirme vouloir porter l'affaire devant la Cour de justice de l'Union européenne.
"Madame Le Pen avait jusqu'au 30 octobre pour faire ses observations à un rapport que les différentes instances ont refusé de nous communiquer", dit-il à Reuters.
"Nous avons des institutions qui bafouent l'ordre européen sur un procès équitable, raison pour laquelle nous allons saisir la cour de justice", a-t-il ajouté.
Selon l'avocat, les griefs faits à Marine Le Pen ne tiennent pas. "Comment voulez-vous segmenter le travail des assistants d'un député et découper en tranche de chronomètre ses activités, a fortiori lorsqu'il s'agit de la présidente d'une formation politique de premier plan ?", dit-il.
Le Parlement européen avait annoncé en mars 2015 avoir saisi l’Office européen de lutte antifraude à propos d’irrégularités concernant une vingtaine d'assistants des eurodéputés FN.
Certains des assistants mis en cause occupaient des postes stratégiques au Front national, conseillant directement Marine Le Pen ou Jean-Marie Le Pen.
Le parquet de Paris, qui a reçu des éléments de l'Olaf, a ouvert de son côté une enquête préliminaire et effectué une vague de perquisitions en 2015 et 2016 au siège du FN et au domicile et dans les bureaux de Jean-Marie Le Pen.
Le vice-président du FN Florian Philippot avait alors accusé le Premier ministre, Manuel Valls, d’être à l’origine de cette saisie et d’avoir sollicité le président du Parlement, Martin Schulz, pour "monter une affaire bidon".
(Gérard Bon)