SHANGHAI (Reuters) - La Chine a réaffirmé lundi sa politique d'ouverture et de développement à l'étranger en matière d'investissement, alors même que la chute du yuan, au plus bas depuis huit ans et demi, ravive les craintes d'une fuite des capitaux.
Des responsables de la Commission nationale pour le développement et la réforme, du ministère du Commerce, de la Banque populaire de Chine et de l'Administration nationale du contrôle des changes (SAFE) ont déclaré que Pékin continuerait à encourager une saine augmentation des investissements à l'étranger, a déclaré l'agence officielle Chine nouvelle.
Le Wall Street Journal a rapporté vendredi que la Chine comptait durcir ses contrôles sur les sociétés cherchant à investir à l'étranger afin de freiner les sorties de capitaux.
Alors que Pékin s'emploie activement à endiguer les sorties de capitaux, de plus en plus de fonds sortent du pays par des canaux non-officiels, les investisseurs cherchant à réduire leur exposition à une économie en phase de ralentissement et à une devise qui se déprécie, rapportent des dirigeants du secteur financier.
Le yuan se stabilisait lundi face au dollar à 6,9050, après être tombé à 6,9170 vendredi, les traders évoquant des ventes de dollars par les banques publiques. La devise chinoise accuse un recul de plus de 6% face au billet vert depuis le début de l'année, même s'il est resté relativement stable face à un panier de devises.
MENACE POUR LA STABILITÉ FINANCIIÈRE
La forte hausse des investissements à l'étranger renforce les risques de changes mais représente aussi une menace pour le système financier chinois si ces opérations tournent mal, estiment les analystes de China International Capital Corporation.
"L'expérience des marchés émergents a montré de façon récurrente que les paris à sens unique, sur une appréciation ou une dépréciation, tendent à être suivis de pertes substantielles pour les institutions financières locales", disent-ils.
"En d'autres termes, des investissements imprudents pourraient menacer la stabilité financière", ajoutent-ils.
Tout en restant les plus importantes au monde, les réserves de changes chinoises sont tombées à leur plus bas niveau depuis mars 2011, la banque centrale ayant, de l'avis de nombreux intervenants, vendu des dollars pour limiter la baisse du yuan.
La pression sur la monnaie chinoise et sur d'autres devises des marchés émergents s'est intensifiée ces dernières semaines avec l'envolée du dollar depuis la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine du 8 novembre.
La banque centrale chinoise a appelé les banques commerciales de Shanghai à prévenir les sorties de capitaux via la zone de libre échange de Shanghai sous couvert d'investissements étrangers, ont rapporté vendredi deux sources ayant connaissance de cette directive.
La Banque populaire de Chine a dit ne pas pouvoir commenter des informations concernant des contrôles plus stricts sur les investissements à l'étranger.
Le groupe de médias Caixin a rapporté samedi que la banque centrale envisageait aussi d'inclure les activités transfrontalières en yuans dans l'évaluation des risques des banques pour les inciter à "faire plus d'affaires entraînant une rentrée de yuans et moins d'activités de sorties de yuans".
Le vice-gouverneur de la banque centrale Yi Gang a déclaré dimanche que le courant de sortie de capitaux constaté depuis la dévaluation du yuan en août 2015 devrait commencer à s'inverser.
"Au fur et à mesure que l'économie se reprendra et que les réformes institutionnelles amélioreront le climat des affaires, l'argent qui est parti reviendra", a-t-il dit.
(Engen Tham et Elias Glenn, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)