Soulagé par un allègement de la facture énergétique et un recul des achats de produits chimiques, le déficit commercial de la France s'est replié en mars mais reste à un niveau très élevé, un mois après son record absolu de février.
Le déficit du commerce extérieur est revenu ainsi à 5,74 milliards d'euros après 6,37 milliards en février et 6,09 en janvier, selon les Douanes.
Le chiffre du mois de février, évalué dans un premier temps à 6,55 milliards d'euros, a donc été révisé à la baisse. Mais il demeure, de peu, à un niveau jamais atteint. Le précédent record, enregistré en octobre 2008, était inférieur de 20 millions d'euros seulement.
Quoi qu'il en soit, sur les douze derniers mois, le déficit commercial cumulé de la France s'accroît encore, à 58,14 milliards d'euros contre 50,99 milliards pour l'ensemble de l'année 2010.
Alexander Law, économiste du cabinet Xerfi, relève un "nouveau déficit commercial record au 1er trimestre 2011", à 18,2 milliards d'euros contre 11,35 milliards d'euros pour la même période de 2010, une tendance qu'il qualifie de "triste" pour l'économie française.
Selon les Douanes, les importations de produits énergétiques se sont repliées en mars, en raison d'un tassement des achats de pétrole brut et de produits raffinés. Le second facteur marquant, selon elles, est la contraction des importations de produits chimiques après un approvisionnement "exceptionnel" auprès de Singapour en février.
En mars, les exportations se sont élevées à 35,16 milliards d’euros contre 34,69 milliards en février. Quant aux importations, elles ont atteint 40,91 milliards d’euros après 41,07 milliards.
Pour Alexander Law, ces données sonnent comme une "rappel". En dépit d'une croissance qui s'annonce au premier trimestre "sûrement tout à fait correcte, l’environnement extérieur de la France est aujourd’hui très négatif", selon lui, et la croissance finalement "en danger".
L'économiste pointe le dérapage "massif" des prix de la plupart des matières premières, un "taux de change qui redevient très pénalisant à l’export et des pays, clients majeurs, qui connaissent des difficultés importantes".
Il parle aussi d'un "panorama sectoriel alarmant". Mis à part les l’aéronautique et l'agroalimentaire, note-t-il, "les autres pans de l’industrie ont vu leurs performances commerciales se détériorer par rapport à début 2010". L'économiste évoque l’automobile, la métallurgie, la pharmacie et le textile-habillement.
"La bonne nouvelle, c'est que la France a retrouvé peu ou prou son niveau d'exportations de 2007, la mauvaise, c'est que les importations ont progressé encore plus vite", a commenté pour sa part Karine Berger (Euler Hermes).
L'économiste "ne voit pas encore d'impact de l'appréciation de l'euro sur les exportations de la France". Elle craint cependant elle aussi "une contribution négative du commerce extérieur à la croissance au premier trimestre 2011".
Par grands secteurs géographiques, les Douanes précisent que les exportations françaises ont nettement progressé en mars vers l'Union européenne et l'Allemagne en particulier.
Elles ont en revanche fléchi vers l'Asie, le Proche et le Moyen-Orien avec des livraisons aéronautiques en repli qui n'ont pas compensé les "bonnes performances" enregistrées sur l'Afrique (blé, machines industrielles et équipements électroniques) et l'Europe, hors Union européenne (airbus, chimie et pharmacie).