Les Etats-Unis ont une nouvelle fois invité la Chine à réévaluer plus rapidement sa monnaie, le yuan, lors de l'ouverture lundi à Washington du Dialogue stratégique et économique entre les deux premières puissances économiques mondiales.
Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, qui recevait dans les murs de son ministère une importante délégation venue de Pékin, a fait des changes la priorité numéro un de cette rencontre.
"Premièrement, nous voulons continuer notre dialogue sur le passage de la Chine à un taux de change plus flexible et à un marché des flux de capitaux plus ouvert", a-t-il affirmé.
La politique de changes de Pékin est un sujet de friction de longue date avec Washington. La Chine a annoncé en juin qu'elle allait arrêter d'arrimer sa monnaie au dollar, et elle s'est appréciée de 5,1% depuis.
Mais les Etats-Unis trouvent le mouvement trop lent, et souhaiteraient que leur rival économique ouvre son territoire et ses marchés aux flux économiques et financiers qu'il contrôle aujourd'hui étroitement.
Parfois surnommé "G2" par la presse ou les observateurs, le Dialogue sino-américain est l'occasion de parler des vieux litiges de la relation entre deux puissances aux économies très dissemblables: l'une qui se veut la plus libérale du monde, l'autre dirigiste; l'une qui cherche à renouer avec la croissance, l'autre qui doit mieux la maîtriser; l'une qui veut exporter davantage, l'autre qui cherche à réduire sa dépendance aux marchés étrangers.
Ces divergences se traduisent souvent en tensions.
"Il faut être réalistes: nous n'arriverons pas toujours à travailler ensemble. Dans certains domaines nous avons des désaccords vigoureux, dans d'autres une concurrence vigoureuse, et dans d'autres encore une collaboration vigoureuse", a estimé le vice-président américain Joe Biden, en ouvrant le Dialogue.
Avant la deuxième journée de discussions qui doit se concentrer sur les déséquilibres entre les deux premières économies de la planète, la délégation chinoise a fait la sourde oreille aux demandes des Etats-Unis sur sa monnaie.
Le vice-président Wang Qishan n'a pas parlé du taux de change, discutant plus généralement du rééquilibrage de l'économie chinoise: "ce n'est pas quelque chose que nous pouvons faire du jour du lendemain", a-t-il noté.
Le ministre au Commerce Chen Deming a affirmé que le sujet n'avait même pas été abordé, qualifiant les inquiétudes sur le taux de change du yuan de "non-fondées". Le gouverneur de la banque centrale, Zhou Xiaochuan, a estimé que cette "grande question" prendrait "beaucoup plus longtemps à discuter" que deux jours.
Ils ont été contredits par un responsable du Trésor. "Cela a été discuté", a affirmé ce responsable sous le couvert de l'anonymat, et cela devait l'être plus amplement mardi.
Le taux de change du yuan "bouge. Il ne bouge pas assez vite pour nous satisfaire, mais il s'est apprécié", a-t-il relevé. Interrogé sur le rythme qui satisferait les Etats-Unis, ce responsable a refusé de répondre.
Le débat sur les droits de l'Homme a été plus direct. Le chef de la diplomatie chinoise, Dai Bingguo, a répondu à une critique de M. Biden, qui a souligné "un vif désaccord dans le domaine des droits de l'Homme".
En visitant la Chine, a-t-il dit à l'intention des Américains, "vous pourrez aussi constater par vous-mêmes les énormes progrès qu'a faits la Chine dans différents domaines, y compris les droits de l'Homme, et connaître la Chine véritable".
Le Dialogue stratégique et économique doit déboucher sur une déclaration commune mardi.