PARIS (Reuters) - Les Français étaient appelés ce dimanche à choisir dans les urnes les deux personnalités qui s'affronteront au second tour de la primaire de la gauche en vue de la présidentielle, Manuel Valls, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg faisant figure de favoris.
Le Parti socialiste et ses alliés espèrent au moins 1,5 million à deux millions de votants pour créer une dynamique en faveur du vainqueur, que plusieurs sondages donnent pour l'instant cinquième du premier tour de la présidentielle.
Mais à midi, la participation était modeste, avec 400.000 votants sur près de deux tiers des bureaux de vote, contre 744.000 à 13h00 en 2011, lors du premier tour de la primaire d'investiture socialiste qui avait désigné François Hollande.
"Il y a quand même du monde dans les bureaux de vote de la primaire, au cours d'une matinée où la température était plus que polaire", a relativisé lors d'un point presse Christophe Borgel, président du comité d'organisation de la consultation.
"Nous pouvons constater (...) que dans toute une série d'endroits il y a actuellement une montée en puissance du vote, avec des files d'attente", a-t-il ajouté lors d'un point presse.
La plupart des candidats à la primaire de la gauche avaient appelé les électeurs, dans la matinée, à se mobiliser fortement pour ce scrutin, jugé crucial pour l'avenir du PS.
"Il faut que les Français, il faut que les électeurs aillent voter, c'est le plus important", avait ainsi déclaré à la presse l'ex-Premier ministre Manuel Valls après avoir voté à Evry (Essonne). Si "la participation est forte, elle donnera beaucoup de légitimité à celui qui est choisi", avait insisté Benoît Hamon depuis son bureau de vote à Trappes, dans les Yvelines.
"Je crois que malgré les discours ambiants, les Français vont avoir envie de saisir cette opportunité", avait de son côté prédit Vincent Peillon, dans son bureau de vote parisien.
Arnaud Montebourg a salué les premiers chiffres de participation dimanche midi. "On est bien", a-t-il voulu croire. "Le peuple de gauche n'est pas englouti, n'a pas disparu", avait-il déclaré plus tôt à la presse dans la matinée.
Plus de quatre millions de personnes ont participé en novembre à la primaire de la droite et du centre remportée par François Fillon. En 2011, 2,7 millions d'électeurs avaient voté au premier tour de la "primaire citoyenne" à gauche pour laquelle 9.500 bureaux de vote étaient ouverts, contre un peu plus de 7.500 ce dimanche.
L'AVENIR DU PS EN JEU ?
Les bons scores dans les sondages d'Emmanuel Macron, ancien ministre de l'Economie qui a refusé de participer à la primaire, et de Jean-Luc Mélenchon, qui n'y participe pas non plus, perturbent depuis des semaines la campagne des socialistes et de leurs alliés.
Dans un entretien au Journal du dimanche, Jean-Luc Mélenchon estime d'ailleurs qu'un désistement du vainqueur de la primaire organisée par le PS en sa faveur ou en celle d'Emmanuel Macron "fait partie des probabilités".
Tous les prétendants ont toutefois promis d'oeuvrer au rassemblement de la gauche, en excluant de se retirer au bénéfice d'un de ces deux candidats.
"Le PS existera après la présidentielle. Ce n'est pas un score électoral qui fait l'avenir définitif d'un parti", assure dans un entretien au Parisien le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis.
"Je trouve qu'on sonne le glas du PS trop tôt. Un parti ne disparaît pas comme cela. Il peut se disloquer. Mais s'il reste uni, il a toujours des chances de se ressourcer."
Plusieurs responsables politiques au centre, à droite et à l'extrême droite disent pourtant voir dans ce scrutin le signe de la division inéluctable de la gauche, en particulier du PS.
"Je crois que le parti socialiste n'a plus de réalité idéologique", a ainsi déclaré le centriste Jean-Christophe Lagarde dans Le Grand Rendez-vous sur Europe 1, iTELE et Les Echos. "Je pense qu'un parti qui n'a vraiment plus rien de commun sur le plan idéologique, si en plus il perd les élections, ce qui semble se dessiner, est conduit à se séparer", a ajouté le président de l'UDI.
Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne du candidat de la droite François Fillon, a de son côté jugé dans le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI que la seule "certitude" était que la gauche allait "être divisée en trois", avec un candidat issu de la primaire, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron.
Quant au directeur de campagne de la présidente du Front national Marine Le Pen, David Rachline, il a estimé sur France 3 que tous les candidats de la primaire étaient "disqualifiés".
Outre les trois favoris, les quatre autres candidats en lice pour la primaire de la gauche sont l'ancien ministre Vincent Peillon (PS), la radicale de gauche Sylvia Pinel, l'écologiste François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate).
Les deux finalistes se retrouveront pour un ultime débat télévisé mercredi avant le second tour dimanche prochain.
(Chine Labbé, avec Elizabeth Pineau et Jean-Baptiste Vey; édité par Henri-Pierre André)