Le Premier ministre grec, Georges Papandréou, s'est engagé vendredi à lancer sans délai son nouveau programme d'austérité, en dépit du refus de son opposition d'épauler l'effort, comme le réclame l'Union européenne en vue d'une poursuite du soutien accordé avec le FMI à la Grèce.
Prenant acte de son échec à arracher un consensus minimal lors d'une réunion de crise avec les quatre autres dirigeants des partis politiques parlementaires, M. Papandréou a souligné qu'il était "de la responsabilité du gouvernement de sortir le pays de la crise", dans un message télévisé.
"Nous remplirons cette mission avec ou sans consensus", a-t-il ajouté, annonçant une conclusion "ces prochains jours des négociations" avec les représentants de l'Union Européenne et Fonds monétaire international pour finaliser les nouvelles mesures.
Mais il a souligné qu'il "poursuivra ses efforts d'entente nationale".
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, venait de déplorer le blocage politique grec, et d'avertir le gouvernement, qui dispose d'une majorité de 156 députés sur 300, que le "temps presse" pour adopter le plan d'austérité, dont le vote au Parlement est prévu début juin.
"Nous comptons sur la poursuite des efforts en vue d'un accord de l'ensemble des partis pour soutenir le programme de l'UE et du FMI. Un accord doit être trouvé rapidement", a souligné M. Rehn.
Les créanciers réclament cet engagement car la portée de certaines mesures dépassent le terme électoral de l'actuelle majorité socialiste.
Le président français Nicolas Sarkozy a toutefois mis en avant vendredi la solidarité européenne, en affirmant que "la chose importante, c'est que nous défendrons et nous soutiendrons l'euro et la solidarité à l'intérieur de la zone euro".
Le chef de l'opposition grecque de droite, Antonis Samaras, a expliqué que son parti ne pouvait avaliser la hausse prévue des impôts.
M. Papandréou a affirmé lui avoir proposé une "négociation commune" sur cette question avec la Troïka (Commission et banque centrale européennes, FMI) qui assure le suivi de l'austérité grecque.
Le nouveau plan combine accélération des privatisations et durcissement de la rigueur administrée depuis un an.
Dénoncé vendredi pour la troisième soirée consécutive par des milliers de personnes massées devant le Parlement en réponse à un appel "apolitique" sur internet, ce programme vise à convaincre UE et FMI de poursuivre leur soutien financier, initié en mai par le déblocage d'un prêt de 110 milliards.
Athènes négocie depuis le 10 mai avec la Troïka le déblocage crucial, prévu en juin, de la cinquième tranche de 12 milliards d'euros de ce prêt, ainsi qu'une éventuelle rallonge, les taux prohibitifs réclamés au pays lui barrant le retour sur les marchés.
La Troïka n'a pas indiqué le moment auquel elle rendra son verdict.
Le FMI, qui prête 30 milliards d'euros sur les 110, avait averti jeudi qu'il conditionnerait son aide à des "assurances" sur la capacité du pays à lui rembourser cet argent.
M. Papandréou avait auparavant souligné dimanche qu'un gel de la cinquième tranche équivaudrait "selon toute probabilité, à la banqueroute" du pays, plombé par une dette supérieure à 150% de son PIB.
Des analystes européens voient une pression maximale mise sur la Grèce pour passer aux actes de la rigueur. Athènes a d'ailleurs pris acte du message en annonçant jeudi avoir lancé la cession d'une nouvelle part publique dans le groupe de télécoms OTE à l'allemand Deutsche Telekom.
"Le problème avec la Grèce ne sont pas les engagements, mais leur mise en oeuvre effective", a lâché une source européenne proche du dossier.