Syndicats et patronat ont "avancé" vendredi dans leurs négociations sur le dialogue social et le partage de la valeur ajoutée alors que leur débat, mené depuis deux ans, s'est trouvé bousculé par le projet gouvernemental d'une prime, qu'ils rejettent tous.
A l'issue d'une séance de près de quatre heures, le patronat (Medef, CGPME, UPA) et les syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) sont parvenus à définir une méthode pour améliorer le dialogue social en s'inspirant notamment des règles européennes.
Le texte - signé aussi par la CGPME qui était en désaccord lors de la précédente séance du 26 avril - entend améliorer l'information-consultation des instances représentatives du personnel (Comité d'entreprise) sur la richesse créée par l'entreprise. Plusieurs points sont définis comme la rémunération des salariés, des dirigeants, des actionnaires, les décisions d'investissement.
Commencées en juin 2009, ces négociations vont se poursuivre avec une nouvelle séance prévue le 1er juillet après un groupe de travail le 10 juin.
"Il y a une volonté d'avancer", s'est réjoui Patrick Bernasconi (Medef).
Mais, selon lui, ces négociations sont "indépendantes" du projet du gouvernement d'une prime obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés versant des dividendes en hausse, en vue de soutenir le pouvoir d'achat.
Débattue au Parlement en juin, cette prime est rejetée à la fois par le patronat et par les syndicats qui y voient un frein à une augmentation de salaires.
Les partenaires sociaux ne sont pas "dans le temps du gouvernement", a souligné M. Bernasconi pour qui ces négociations ne visent "pas à répondre ponctuellement à la hausse du pouvoir d'achat", mais sur "le moyen et le long terme".
"Les négociations avancent, pas très rapidement, mais positivement", a estimé aussi Marcel Grignard de la CFDT. Mais, "prétendre que le travail que nous faisons actuellement vienne comme une proposition alternative au projet de loi qui va être adopté très vite me paraît complètement hors de portée et ce n'est pas l'enjeu de ces négociations", a-t-il dit.
"Il faut être clair: ces négociations ne portent pas sur le partage de la richesse dans l'entreprise", et se bornent à l'aborder via le "droit à l'information des instances du personnel", a souligné Michel Doneddu de la CGT.
Il a rappelé que son syndicat avait demandé, en vain, il y a deux ans l'ouverture d'une telle négociation. "Nous sommes prêts à l'ouverture immédiate d'une véritable négociation sur le partage des richesses", a-t-il lancé.
De son côté, la CFTC, qui a demandé l'ouverture ce vendredi le débat sur le partage des richesses, a regretté de ne pas avoir été suivie par les autres syndicats. "Nous avions une vraie fenêtre de tir pour faire des propositions", a déploré Gabrielle Simon (CTFC). Elle se dit "comme un poisson qui tourne en rond dans un bocal". "On va parler de consultation sur le partage de la valeur ajoutée, alors que les salariés ont besoin d'augmentations de salaires", a-t-elle dit.