L'accès de faiblesse de l'économie américaine se confirme mais les espoirs d'une amélioration de la croissance au second semestre persistent.
Deux indicateurs publiés mardi par le département du Commerce sont venus compléter le tableau de la passe difficile que traverse l'économie depuis le début de l'année.
Après dix mois consécutifs de hausse, les ventes de détail ont reculé en mai, de 0,2% par rapport à avril, sous le coup d'une forte baisse (2,9%) des ventes du secteur automobile, a indiqué le ministère.
L'autre indicateur a témoigné d'un net ralentissement de la hausse des stocks des entreprises manufacturières et commerciales, passée de 1,3% sur un mois en mars à 0,8% en avril, et d'un brusque coup de frein de leurs ventes.
Ces nouveaux chiffres s'ajoutent à ceux publiés au début du mois, qui ont témoigné d'une chute des embauches en mai et d'un ralentissement très prononcé des industries manufacturières, tandis que l'activité du reste de l'économie ne parvenait pas à revenir à son niveau du mois de mars, le secteur du logement restant déliquescent.
La croissance économique américaine a nettement ralenti au premier trimestre, où elle est tombée à 1,8% en rythme annuel, soit bien en-deçà du potentiel de croissance des Etats-Unis.
Tout indique que le pays ne devrait pas finir beaucoup mieux le deuxième trimestre, et l'espoir de voir la reprise s'accélérer vraiment a été reporté au second semestre.
Justifiant le maintien d'une politique monétaire particulièrement généreuse, le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a néanmoins rappelé le 7 juin que l'amélioration de l'économie, "désespérément lente", risquait d'être assez poussive encore d'ici à la fin de l'année.
La croissance américaine a dû absorber un double choc depuis le début de l'annnée: la hausse des matières premières, qui a provoqué une poussée d'inflation rognant le pouvoir d'achat des ménages, et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement résultant du séisme du 11 mars au Japon.
Comme plusieurs de ses confrères, Peter Newland, économiste de Barclays Capital estime que les ventes de détail de mai sont conformes à un nouveau ralentissement de la hausse des dépenses de consommation des ménages au deuxième trimestre.
Les analystes du cabinet RDQ Economics estiment pour leur part que le ralentissement des stocks "devrait effacer la plupart des gains de croissance attribués au ralentissement des importations en avril" révélé jeudi par les chiffres du commerce extérieur.
Un grand nombre d'économistes estiment désormais que la croissance devrait tourner autour de 2% au deuxième trimestre, alors qu'il est couramment admis qu'un taux de 2,5% au minimum est nécessaire pour espérer une baisse du chômage, qui est remonté à 9,1% en mai.
Néanmoins, "tout continue d'indiquer que le ralentissement est passager et que l'économie devrait rebondir dans les mois à venir", indique l'économiste Jeffrey Rosen, du cabinet Briefing, notant que les effets des perturbations de la chaîne logistique sur les ventes de véhicules sont "bien documentés".
D'autant que les deux premiers indicateurs d'inflation du mois de mai témoignent d'un apaisement de la poussée des prix susceptible de se faire sentir sur la consommation. Pour Inna Mufteeva, de Natixis, "l'effet pétrole" ne devrait plus "peser sur le moral des consommateurs de façon permanente".