L'appel à candidatures pour un quatrième opérateur mobile français a été lancé officiellement samedi par le gouvernement, au grand dam des trois acteurs en place, dont Orange qui s'apprête déjà à en contester le prix à Bruxelles.
Le processus a pris du retard puisque l'appel devait être publié avant fin mars, une échéance ensuite repoussée à fin juillet.
La date limite de dépôt des dossiers a été fixée au 29 octobre à midi. Trois semaines au plus tard après cette date, l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep) publiera la liste des candidats recevables.
Au plus tard le 29 mai 2010, le candidat sélectionné sera connu et la licence, d'une durée de vingt ans, lui sera attribuée dans le mois qui suivra.
La France aurait alors quatre opérateurs mobiles. La plupart des grands pays européens en comptent déjà quatre ou cinq.
Fixé au départ à 206 millions d'euros, le ticket d'entrée a été relevé en juin à 240 millions par le gouvernement, suivant l'avis de la Commission des participations et des transferts (CPT).
Orange (France Télécom) qui, comme SFR et Bouygues Telecom, voit d'un mauvais oeil l'arrivée d'un nouveau venu sur un marché juteux, a immédiatement annoncé qu'il saisirait Bruxelles pour contester le prix, qu'il juge trop bas.
"France Télécom va saisir la Commission européenne pour aide d'Etat, c'est-à-dire avantage accordé au quatrième entrant par rapport aux trois autres détenteurs de fréquences mobiles", a déclaré à l'AFP une porte-parole.
L'opérateur historique estime que le montant devrait être le même que celui déboursé par SFR, Bouygues Telecom et lui-même au début des années 2000: 619 millions d'euros chacun.
Cette fois, les fréquences ont été divisées en trois lots (permettant une couverture nationale, mais limitant le nombre de clients) pour rendre leur prix plus abordable. Mais aux yeux de France Télécom, il faudrait aussi que ce prix tienne compte de la valeur que représente le droit de devenir opérateur.
Contactés par l'AFP, ni SFR ni Bouygues Telecom n'ont souhaité s'exprimer. Bouygues Telecom a souvent manifesté son opposition à l'arrivée d'un numéro quatre, agitant la menace implicite de suppressions d'emplois.
Candidat malheureux en 2007 pour des raisons financières, le groupe Iliad, maison mère du fournisseur d'accès à internet Free, fait figure de favori.
Il s'est "réjoui" de cet appel à un quatrième opérateur, "une chance pour les consommateurs français".
Il promet de réduire la facture télécoms des Français de moitié s'il est choisi. Selon Bercy, l'arrivée d'un nouvel opérateur ferait baisser les prix de 7%.
Le nouvel entrant, qui mettra des années pour construire son réseau, pour un investissement estimé à un milliard d'euros, pourra louer ceux des autres à partir du moment où il couvrira déjà seul 25% de la population, obligation qu'il devra remplir au bout de deux ans. Huit ans après l'attribution de sa licence, il devra couvrir 80% de la population.
Parmi les autres critères de sélection, et c'est une nouveauté, les conditions d'accueil réservées aux MVNO, ces opérateurs qui louent les réseaux de SFR, Orange et Bouygues Telecom pour commercialiser leurs offres. Elles devront être plus favorables. Les MVNO se partagent aujourd'hui péniblement 5% du marché, ce que les autorités jugent insuffisant.
L'un d'entre eux, Kertel, s'est d'ailleurs déclaré intéressé, tandis que le câblo-opérateur Numericable et l'opérateur Virgin Mobile étudient une éventuelle candidature commune.