Après le rebond en trompe-l'oeil du mois de mai, les immatriculations de voitures neuves sont reparties à la baisse en France le mois dernier et ce repli prend des allures de descente aux enfers pour Renault, en chute de près de 30%.
Les immatriculations ont reculé de 12,6% en données brutes et de 3,9% à nombre de jours ouvrables comparables pour tomber à 210.236 voitures, selon des chiffres publiés vendredi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
La baisse touche avant tout les constructeurs français, qui avaient profité à plein du système de prime à la casse instauré par le gouvernement pour soutenir le secteur automobile pendant la crise.
Cette prime, supprimée fin 2010 mais qui s'appliquait à tout véhicule livré avant le 31 mars 2011, a profité avant tout aux petits modèles, spécialité de PSA Peugeot Citroën et de Renault.
Les ventes de PSA ont régressé de 8,2%, ses deux marques enregistrant un recul à peu près équivalent.
La situation est beaucoup plus grave pour Renault, dont l'effondrement s'accélère à -29,3%, avec une baisse de 25,9% pour la marque Renault et de 44% pour le constructeur à bas coût Dacia.
C'est le troisième mois consécutif de dégringolade pour les ventes du constructeur.
Le groupe explique cette mauvaise performance par des problèmes d'approvisionnement de pièces pour un moteur diesel qui équipe les Clio, Mégane et Scénic, mais aussi le 4*4 Duster de Dacia, qui prolongent ses délais de livraison dans l'Hexagone.
Il espère que ces difficultés, qui lui valent un manque à gagner de 50.000 véhicules en Europe, seront résolues à partir de la mi-août.
En attendant, la marque au losange a lancé des offres exceptionnelles pour tenter de réorienter ses futurs clients vers l'achat de voitures essence et sur les modèles en stock.
Pour autant, les spécialistes du secteur pointent aussi du doigt la faiblesse actuelle de la gamme de Renault. Le groupe a lancé les nouvelles générations de la Laguna, Twingo et Mégane pendant la crise économique et il faudra à présent attendre 2012 pour voir arriver la Clio IV et la petite berline électrique Zoé.
Dacia continue à subir aussi le contrecoup de la disparition du bonus GPL, qui avait boosté les ventes de sa berline Sandero l'an dernier. En juin, les ventes de Sandero ont fondu de plus de 81%, selon des données de Renault.
Les constructeurs étrangers s'en tirent beaucoup mieux, avec un recul limité à 5,1%. Les marques allemandes haut-de-gamme (Audi, Mercedes) progressent, tandis que le japonais Toyota, toujours empêtré dans les difficultés liées au séisme de la mi-mars au Japon, baisse.
Sur les six premiers mois de l'année, les immatriculations progressent légèrement, de 1% en données brutes. Le marché avait encore été soutenu au premier trimestre par la prime à la casse mais "la tendance depuis trois mois est à une baisse forte", a constaté Patrick Blain, président du CCFA, lors d'une conférence de presse.
"Notre prévision sur 2011 est toujours de l'ordre de -8%, ce sera peut être un peu mieux", a-t-il ajouté. "Sur la fin de l'année, on va voir plein pot l'effet de la fin de la prime à la casse", a-t-il averti.
Le marché automobile français renouerait ainsi avec ses niveaux d'avant-crise, autour de 2 millions de voitures, après des crus 2009 et 2010 exceptionnels grâce à la prime à la casse.