Le géant pétrolier britannique BP a annoncé mardi d'importants bénéfices trimestriels, après une perte massive l'an dernier liée à la marée noire du golfe du Mexique, une performance toutefois inférieure aux attentes, et tempéré par les spéculations sur un éventuel démantèlement.
BP a enregistré un bénéfice net part du groupe de 5,62 milliards de dollars (soit environ 3,9 milliards d'euros), au lieu d'une perte de 17,15 milliards au trimestre équivalent de 2010, pour une production d'hydrocarbures en baisse de 10,7% à 3,43 millions de barils équivalent pétrole par jour, a-t-il précisé dans un communiqué.
Le bénéfice net ajusté, qui reflète plus fidèlement l'activité du groupe, car il exclut les changements de valeur des stocks d'hydrocarbures qu'il détient, a quant à lui atteint 5,3 milliards de dollars, contre une perte correspondante de 16,97 milliards un an plus tôt.
Comme ses rivaux, le groupe pétrolier a bénéficié de la forte remontée des cours de l'or noir par rapport à l'an dernier.
De plus, la facture de la marée noire s'est réduite de 600 millions de dollars sur le trimestre, grâce au paiement de contributions par le groupe japonais Mitsui, qui coexploitait les puits à l'origine de la catastrophe, et d'un sous-traitant basé en Suisse, le groupe Weatherford.
Ces versements ont ramené le coût d'ensemble de la marée noire pour le groupe britannique à 40,7 milliards de dollars.
Le repli de la production s'explique quant à lui par les nombreuses activités cédées par BP depuis l'an dernier pour couvrir les dépenses liées à la marée noire, provoquée l'an dernier par l'explosion d'une plate-forme pétrolière qu'il exploitait au large de la Louisiane.
Le groupe a déjà vendu pour environ 25 milliards de dollars d'actifs, sur un objectif de 30 milliards qu'il prévoit toujours d'atteindre d'ici la fin de l'année.
Bien qu'en forte amélioration, ces résultats ont déçu les investisseurs, qui s'attendaient à des performances nettement meilleures. Les analystes tablaient en moyenne sur un bénéfice ajusté autour de 6 milliards de dollars.
Cette déception pesait sur le cours du groupe, qui cédait à la Bourse de Londres 1,94% à 466,15 pence vers 14H00 GMT, dans un marché en hausse de 0,19%.
Le directeur général Bob Dudley, qui a pris les rênes l'an dernier après la marée noire, a affirmé dans un communiqué que BP avait fait "des progrès" et accentuerait son rétablissement en 2012 et 2013.
Il a par ailleurs tempéré les spéculations sur un éventuel démantèlement du groupe, tout en laissant entendre qu'il n'y était pas fermé a priori à une restructuration radicale. "Nous ne l'avons ni exclu ni décidé. Nous passons régulièrement en revue notre portefeuille d'activités et étudions nos options", a-t-il indiqué à des journalistes.
Des analystes ont suggéré qu'une scission en deux des activités du groupe (d'un côté l'exploration-production, et de l'autre le raffinage et la commercialisation), sur le modèle de celle annoncée ce mois-ci par la compagnie américaine ConocoPhillips, créerait plus beaucoup de valeur pour les actionnaires du groupe qu'un maintien de son modèle "intégré".
De son côté, Richard Hunter, responsable pour les actions britanniques de la maison de courtage Hargreaves Lansdown, a estimé que les investisseurs risquaient de délaisser durablement les actions de la compagnie, au profit de sa compatriote et rivale Shell, qui présentera ses propres résultats jeudi.
"L'ombre de la marée noire se dissipe, mais le programme de cessions d'actifs a eu un effet négatif inévitable sur la production. De plus, le grand rival Shell, considéré comme le favori au sein du secteur, a pu poursuivre ses progrès, pendant que BP était occupé" par la marée noire, a-t-il commenté, ajoutant que "la lune de miel est fini" pour Bob Dudley, qui devra mettre les bouchées doubles pour satisfaire les actionnaires.