Renault, fort de sa tenue à l'international, a confirmé jeudi ses objectifs de chiffre d'affaires et de ventes record en 2011, malgré ses difficultés en France et l'impact plus fort que prévu du séisme au Japon et de la flambée des prix des matières premières.
Le deuxième constructeur français, derrière PSA Peugeot Citroën, a publié un chiffre d'affaires pour les six premiers mois de l'année en hausse de 7,3% à 21,1 milliards d'euros, grâce à des ventes sans précédent sur la période (1,4 million de véhicules), dont 39,5% réalisées hors d'Europe.
Il a réaffirmé tabler sur "des volumes de ventes et un chiffre d'affaires supérieurs à 2010".
Le groupe de Carlos Ghosn a fait au premier semestre plus de la moitié du chemin vers son objectif pour l'année: écouler à l'échelle mondiale plus de 2,6 millions de véhicules, son niveau de 2010, et dépasser les 38,9 milliards d'euros de chiffres d'affaires pour l'ensemble de l'exercice.
Il peut espérer s'appuyer sur la croissance continue dans les pays émergents pour compenser le repli global qu'il prévoit du marché des véhicules particuliers et utilitaires en Europe (-2%) et en France (-4% à -6%).
Les difficultés de Renault dans l'Hexagone, le séisme et le tsunami du 11 mars au Japon et l'envolée des matières premières ont plombé entre janvier et juin la marge opérationnelle du groupe, en recul de 19% à 630 millions d'euros. Celle de sa division automobile, la principale, a baissé à 221 millions.
"L'environnement est pire que ce qu'on avait pensé", a reconnu jeudi le directeur financier, Dominique Thormann.
Comme son concurrent PSA la veille, Renault a revu à la hausse l'impact sur ses comptes de la catastrophe japonaise et de l'envolée des prix des matières premières.
Cette dernière lui a coûté 313 millions d'euros au premier semestre et "la tendance au deuxième semestre sera semblable", a prévenu M. Thormann. L'addition pour l'année devrait avoisiner 600 millions d'euros, a précisé le directeur général délégué Carlos Tavares lors d'une conférence d'analystes. Renault tablait initialement sur une note de 450 à 500 millions.
La catastrophe au Japon a coûté pour sa part 150 millions d'euros et devrait avoir un impact négatif de 50 millions au second semestre.
Renault fait face également cette année à des difficultés d'approvisionnement sur des composants de moteurs, qui ont contribué à faire plonger ses immatriculations en France, son principal marché. Le groupe avait chiffré le manque à gagner à 50.000 véhicules.
"Les contraintes conjoncturelles d'approvisionnement devraient s'atténuer progressivement au second semestre permettant, dès septembre, une forte reprise de la production", estime désormais le constructeur.
Il a confirmé sa prévision annuelle d'un flux de trésorerie opérationnel pour sa division automobile dépassant 500 millions d'euros sur l'année.
Le bénéfice net du groupe est ressorti en hausse de 56% à 1,2 milliard d'euros au 1er semestre, grâce à des éléments exceptionnels.
Renault a vu ses frais financiers allégés par rapport à l'an dernier, ayant remboursé le prêt accordé par l'Etat français au moment de la crise. Il a également profité de plus-values sur la vente de terrains en France, a expliqué M. Thormann.
Les sociétés dont Renault est actionnaire ont aussi apporté leurs contributions: celles de son allié japonais Nissan, dont il détient 43,4%, et du suédois Volvo ont baissé, mais le russe Avtovaz (dont il possède 25% plus une action) a rapporté 37 millions d'euros, contre une perte de 56 millions l'an dernier.
A la Bourse de Paris, l'action Renault prenait 2,53% à 36,70 euros à 12H20 dans un marché en recul de 1,51%.