Conséquence d'une croissance nulle au deuxième trimestre, le gouvernement s'est résolu à abaisser mercredi ses prévisions, indissociables du plan de rigueur destiné à réduire le déficit de la France.
Pour 2011, le gouvernement a ramené le taux de croissance attendu à 1,75% au lieu de 2%, a annoncé le Premier ministre François Fillon, en présentant la cure d'austérité à laquelle seront soumis les ménages et les entreprises en France cette année et en 2012.
"Pour 2012, la prudence est encore davantage de rigueur, et nous tablons sur une croissance de 0,5% de moins qu'initialement prévu, soit 1,75%. Donc nos hypothèses de croissance sont identiques pour 2011 et 2012", a-t-il ajouté.
La plupart des analystes jugeaient les précédentes hypothèses de croissance gouvernementales hors de portée après le choc des crises de la dette grecque et de la dégradation de la note de la dette souveraine américaine. Le Fonds monétaire international (FMI) tablait fin juillet sur une croissance de 1,9% l'an prochain.
Conséquence directe du fléchissement de la croissance, la chasse aux économies et aux recettes fiscales supplémentaires est ouverte. Le rendement attendu du plan d'austérité est de 1 milliard d'euros dès 2011 puis 11 milliards d'euros en 2012, a indiqué M. Fillon.
Selon Nicolas Bouzou, du cabinet d'analyses économiques Asterès, qui table lui-même sur une progression de 1,7 à 1,8% du PIB cette année, 0,3 point de croissance en moins se traduit par un manque à gagner de 8 milliards de recettes pour la seule TVA.
"C'est mathématique", explique également Jean-Paul Betbèze, chef économiste au Crédit agricole: "après 0,9% de croissance au premier trimestre, 0% au deuxième et peut-être 0,3% aux troisième et quatrième, on finira l'année aux alentours de 1,6, 1,7 ou 1,8% dans le meilleur des cas, mais pas à 2%".
"Mathématique" aussi, selon lui, une nouvelle révision à la baisse de la croissance pour 2012. "Si nous atteignons 1,8% l'an prochain, se sera bien et même très bien, alors que nous sommes plongés dans un climat d'inquiétudes et d'interrogations et entourés de pays en difficulté", observe-t-il.
De surcroît, poursuit M. Betbèze, "le chiffre de 2,25% de croissance en 2012 avait été fabriqué avant le ralentissement".
Impossible d'ignorer le net repli de la croissance économique intervenu depuis aux Etats-Unis, où un responsable de la Fed, la banque centrale, ne tablait plus vendredi que sur "environ 2%" de croissance cette année et 3% en 2012.
Difficile aussi d'ignorer un ralentissement qui frappe toute la zone euro. Selon une première estimation d'Eurostat, l'office européen des statistiques, publiée la semaine dernière, le PIB de la zone n'a progressé que de 0,2% au deuxième trimestre. L'Allemagne, traditionnel moteur, a affiché un triste 0,1%.
Considéré comme un "indicateur avancé" fiable de l'activité économique, l'indice PMI publié mardi par le cabinet Markit n'incite pas davantage à un optimisme béat.
Son évolution est "loin de suggérer, après la stagnation observée au deuxième trimestre, une croissance solide du PIB au cours du troisième", a commenté Jack Kennedy, l'un des économistes du cabinet.
La quadrature du cercle dans ces conditions sera d'exaucer le voeu de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, qui a exhorté les Etats du monde entier, et en premier lieu les "économies avancées", à ne pas tuer la croissance en luttant contre la dette.