Les producteurs de fruits et légumes, confrontés à une crise liée à la baisse des prix, ont bloqué samedi des grandes surfaces dans le sud du pays pour manifester leur colère face à "l'importation massive de produits étrangers par la grande distribution".
Des mobilisations ont lieu "ce week-end en Languedoc-Roussillon, dans une partie de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur et en Aquitaine, essentiellement en Gironde et dans les Landes", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la FNSEA.
Ainsi, à Saint-Victoret, dans les Bouches-du-Rhône, une soixantaine d'agriculteurs ont bloqué samedi matin un supermarché, appelant les consommateurs à "acheter local" et à avoir "le réflexe provençal devant les étals".
Pour Claude Rossignol, le président de la Fédération départementale des exploitants agricoles (FDSEA), à l'initiative de cette action avec les Jeunes agriculteurs (JA), l'objectif est "d'alerter les pouvoirs publics sur le marasme" qui touche la profession.
La grande distribution, qui commercialise "80% des fruits et légumes, a une responsabilité énorme", a estimé quant à lui Jacques Poulet, à la tête du syndicat local de Saint-Rémy-de-Provence.
En début de matinée, les producteurs avaient déversé des fruits et légumes devant le magasin Géant Casino avant de pénétrer à l'intérieur, où ils ont jeté à terre des légumes d'origine étrangère, dont des asperges du Pérou, des poivrons et courgettes d'Espagne ou encore des carottes d'Italie.
Une action condamnée par la direction de l'enseigne, qui a jugé "totalement inadmissible de saccager les rayons".
Si la président de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), Bruno Dupont, a dit "ne pas cautionner ces moments de violences", ils révèlent, selon lui, que "les arboriculteurs et maraîchers sont à bout".
Même détermination dans le Vaucluse où des producteurs ont déversé un camion de pommes devant l'Intermarché du Thor, à l'est d'Avignon.
A Perpignan également, une centaine de producteurs ont interdit l'accès au parking d'un Carrefour en plaçant plusieurs tonnes de pêches aux entrées et incendié des pneus.
"Le mouvement vis-à-vis de la grande distribution va continuer, notre but est d'être très pénible avec eux pour leur faire comprendre qu'il faut de l'équité dans le commerce, sinon les territoires ruraux tombent en lambeaux", a souligné le responsable de la FDSEA des Pyrénées-Orientales, Gérard Majoral.
Plusieurs actions avaient déjà été organisées jeudi. Un barrage filtrant avait notamment été installé sur l'autoroute A9 près du péage du Boulou à la frontière espagnole, afin d'empêcher l'entrée en France de camions espagnols transportant des fruits.
Les agriculteurs ont promis de "maintenir la pression". Mardi, une importante manifestation est prévue à Lyon, place Bellecour: les producteurs de fruits et légumes mais aussi de lait, céréales et vin, sont attendus, soit 1.000 à 2.000 personnes et 150 tracteurs, selon la FDSEA.
Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a présenté début août un plan d'urgence de 15 millions d'euros pour aider le secteur, qui a toutefois accueilli ces mesures de façon mitigée.
Une série de réunions est en cours pour tenter de trouver des solutions en vue de la table ronde qui se tiendra le 22 septembre sur la compétitivité de la filière et abordera en particulier la question du coût du travail.