Incapable de se redresser sur la durée, la Bourse de Paris a de nouveau plongé cette semaine, dans un marché qui s'enfonce dans la crise de confiance et dans la panique, attendant désormais des solutions politiques, seules capables de lui sauver sa mise.
Après un mois d'août catastrophique (-12,5%), le marché a vainement tenté de se ressaisir les tout premiers jours de septembre avant de sombrer à nouveau, victime des mêmes maux: craintes d'un ralentissement économique, crise de la dette en zone euro, méfiance accrue envers le secteur bancaire.
D'un vendredi à l'autre, le CAC 40 a perdu 5,52% pour terminer sous la barre des 3.000 points à 2.974,59 points. Depuis le début de l'année, la cote a fléchi de près de 22%.
Une nouvelle fois ce sont les banques, qui ont le plus souffert. La Société Générale, valeur la plus attaquée sur le marché, a perdu plus de 20% sur la semaine.
"Altimètre dans le rouge. La boussole est déréglée", écrit dans sa note Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities.
Car désormais c'est la peur qui guide les investisseurs et non plus les raisonnements rationnels, souligne-t-on dans les salles de marché ou même le pire comme un effondrement systémique n'est plus exclu.
Les investisseurs sont pessimistes quant à l'avenir estimant que les marchés ont changé de comportements et les systèmes de valeurs qui prévalaient sont en train de voler en éclat.
"Il faut du temps avant qu'un nouveau dynamisme économique ne naisse. Et en attendant les marchés vont continuer à être très volatils, nerveux avec des pressions pour casser des niveaux planchers", prévoit Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM.
Renaud Murail, gestionnaire de fonds chez Barclays Bourse souligne que seules d'energiques décisions politiques seront capables de venir à bout de cette crise de confiance. Le salut proviendrait notamment d'une révision du traité européen.
"Les esprits commencent d'ailleurs à s'orienter dans ce sens", note-t-il mais dans l'intervalle le marché continuera à être guidé par la peur.
La peur qui conduit à ces comportements totalement déconnectés des fondamentaux des entreprises.
Les marchés suivent maintenant une autre logique qui est encore à définir.
Pour preuve, même des titres très bon marché (17 valeurs du CAC 40 affichent une valorisation inférieure à leurs fonds propres selon une étude de Global Equities Assya) n'attirent pas les opérateurs, car la peur empêche d'investir.
"Ils ont raison, le marché pourrait encore perdre 20 à 25% d'ici la fin de l'année", note un boursier.
Pour éviter le pire, une des solutions passerait par l'acceptation de l'inflation, souligne M. Buzaré. D'ailleurs Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, a axé son discours jeudi sur les craintes de ralentissement plutôt que sur celui de la maîtrise de la hausse des prix, fait-il remarquer.
Permettre une baisse des taux soulagerait les marchés d'une partie des pressions à laquelle ils sont soumis, commencent à plaider de nombreux économistes.
Le G7 réuni ce week-end à Marseille pourrait donner une première réponse mais on attend aussi la semaine prochaine des avancées sur la crise grecque et par extension sur celle de la dette en Europe.
Le programme d'échange de la dette grecque avec les banques privées expire le 9 septembre et une réunion d'urgence du FMI sur la Grèce est prévue mercredi selon la presse grecque.
En terme de statistiques économiques ce sont surtout les indices de confiance américains et les ventes de détail sur le mois d'août aux Etats-Unis qui vont focaliser l'attention des marchés la semaine prochaine.