Après deux jours de répit, les valeurs bancaires européennes, les françaises tout particulièrement, ont été de nouveau pilonnées en Bourse vendredi, plusieurs d'entre elles flirtant avec leur plus bas niveau historique, sans espoir de rebond à court terme.
Déjà en baisse à l'ouverture de la séance, les cours des grands établissements européens ont plongé en milieu d'après-midi, avant de se reprendre quelque peu par la suite.
Régulièrement en première ligne depuis un mois, la Société Générale a encore fait office de cible privilégiée, même si ses concurrentes ont été aussi malmenées.
La banque de La Défense a vu son cours perdre 10,5% à 17,44 euros et approcher de son plancher de 17,28 euros, atteint en séance le 10 mars 2009.
Le groupe a encore fait l'objet de rumeurs vendredi, dans la lignée de celles, plus folles les unes que les autres, entendues depuis début août et systématiquement démenties.
Une enquête de l'Autorité des marchés financiers (AMF) est en cours sur le sujet et le président du gendarme des marchés, Jean-Pierre Jouyet, a mentionné jeudi comme origine possible les pays anglo-saxons, l'Asie mais aussi la France.
Quant au Crédit Agricole, déjà au plus bas, il a établi vendredi un nouveau plancher en séance depuis son entrée en Bourse (à 5,35 euros), abandonnant finalement 7,7% à 5,40 euros. BNP Paribas a perdu jusqu'à 7,5% à 29,80 euros.
Contrairement au début de la semaine, le marché a eu la main nettement plus lourde sur les banques françaises que sur leurs consoeurs européennes.
Avant l'ouverture d'une réunion du G7 à Marseille, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a appelé vendredi, pour la troisième fois en quelques jours, à une recapitalisation des banques européennes.
Le fait de préciser qu'elle ne visait que "certaines" banques et non les établissements européens dans leur ensemble, comme ses propos initiaux avaient pu le laisser penser, n'a pas modifié l'humeur des marchés, qui n'ont retenu que la tonalité d'ensemble du discours.
"Les explications (à la baisse des cours) sont les mêmes que les jours précédents", a commenté un analyste sous couvert d'anonymat: la possible contagion de la crise grecque et le fort ralentissement de la conjoncture économique.
"Il y a une inquiétude générale concernant l'accès à la liquidité", a expliqué Jon Peace, analyste de Nomura, malgré les propos du président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui a redit jeudi que l'institution continuerait d'alimenter les banques autant que nécessaire.
Principal indicateur de tension sur le marché interbancaire, l'écart entre le principal taux du marché, l'Euribor à échéance 3 mois, et le taux de l'argent au jour le jour (overnight indexed swap ou OIS), a renoué vendredi avec son niveau d'avril 2009, au lendemain de la crise financière.
Dans le cas des banques dont la capitalisation dégringole à des niveaux jamais vus, "plus on descend, plus la dilution sera forte en cas d'augmentation de capital, ce qui renforce encore l'inquiétude" et peut créer un effet de spirale, observe M. Peace.
L'interdiction des ventes à découvert sur dix valeurs financières, décrétée par l'AMF le 11 août et prolongée le 25, peut toutefois contribuer à éviter un scénario de ce type.
L'analyste précise que la Société Générale n'a, selon lui, pas besoin de lever des fonds, notamment parce que son exposition à la dette des Etats les plus attaqués de la zone euro est modeste.
"Je ne m'attends pas à une annonce d'augmentation de capital d'ici la fin de ce trimestre" de la part d'une grande banque européenne, livre un analyste, sous couvert d'anonymat.