Nicolas Sarkozy installe ce mercredi la commission chargée de réfléchir à l'usage qui sera fait du "grand emprunt national" prévu pour 2010. Présidée par Michel Rocard et Alain Juppé, elle n'aura que deux mois pour rendre sa copie.
La commission, dont on ignore encore la composition, doit rendre ses "propositions sur les choix des priorités" avant le 1er novembre. Le gouvernement poursuivra parallèlement ses consultations tous azimuts entamées avant les vacances et arbitrera entre les idées qui lui seront soumises.
Les anciens deux anciens Premiers ministres avaient initialement souhaité commencer les travaux de la commission avant la fin du mois de juillet.
Le Parlement prendra enfin la main pour décider à la fois des priorités et des modalités de cet emprunt annoncé le 22 juin par le président de la République lors du Congrès de Versailles pour financer les "priorités stratégiques" de la France.
Alors que le plan de relance de 26 milliards d'euros continue d'être mis en oeuvre, l'idée du président est de doper l'économie à plus long terme en faisant financer par l'Etat des investissements bénéfiques pour les "générations futures" voire indispensables à la France pour rattraper son retard, mais trop coûteux ou trop peu rentables pour être mis en oeuvre par les seuls opérateurs privés.
Il ne s'agira pas d'un "deuxième plan de relance" ou de financer les dépenses courantes de l'Etat mais de "dessiner notre vision de la France, c'est-à-dire de la France de l'après-crise", avait martelé le Premier ministre François Fillon, fin juin. "Toutes les ressources de l'emprunt public devront être affectées à des dépenses clairement identifiés comme porteuses de croissance et d'emploi", a-t-il insisté.
Il a ainsi évoqué "la croissance verte et le développement durable", "l'université de demain et l'économie de la connaissance", tout en précisant que rien ne serait décidé avant le terme du processus de consultation voulu par M. Sarkozy avec les partenaires sociaux, les "responsables économiques", les "acteurs du monde de la recherche, de l'éducation et de la culture".
Patrick Devedjian, ministre chargé du plan de relance, a quant à lui estimé que les quatre grandes lignes de TGV souhaitées par Nicolas Sarkozy et le projet du "Grand Paris" avaient vocation à bénéficier des fonds de cet emprunt.
Selon le quotidien Le Monde, Bercy a aussi en tête quelques secteurs prioritaires: santé, infrastructures publiques, innovation technologique..ans préjuger des recommandations de la commission Rocard/Juppé, le gouvernement souhaite "des projets ciblés, en petit nombre, structurants, avec une rentabilité financière et socio-économique qui soient clairement appréhendables".
Une lisibilité nécessaire pour recueillir l'adhésion des Français à cet emprunt.
M. Sarkozy avait indiqué qu'il serait lancé "soit auprès des Français soit auprès des marchés financiers", mais il est vraisemblable que tous soient mis à contribution: les particuliers pour l'aspect symbolique et politique, les marchés pour limiter le coût de l'emprunt.
Quant au montant, il faudra attendre la fin du processus pour en avoir une idée. Certains proches de Nicolas Sarkozy avaient évoqué 80 à 100 milliards d'euros mais la plupart des économistes jugent ce montant disproportionné et trop lourd