Les billets d'avions pourront être majorés en Europe à partir de 2012 pour aider les compagnies aériennes à financer leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique imposée par l'UE dans son espace aérien, a annoncé lundi la Commission européenne.
Bruxelles a évalué cette augmentation entre 2 et 12 euros pour un vol, soit un surcoût de 4 à 24 euros pour un aller-retour transatlantique.
Les compagnies aériennes desservant l'Union européenne seront en effet contraintes à partir de 2012 de payer un dédommagement pour 15% de leurs émissions de CO2 sur le trajet, avec pour objectif de réduire ces émissions.
Au prix du marché du CO2, ces 15% vont coûter 380 millions d'euros aux compagnies en 2012, a indiqué la Commission.
La décision d'imputer ce surcoût sur le prix des billets appartient au final à la compagnie. Elle peut décider de ne pas le faire, ou bien de majorer le prix des billets du seul coût de l'achat de droits à polluer ou encore de répercuter également le coût fictif des permis de polluer accordés gratuitement.
L'idée de faire payer aux passagers une dépense non occasionnée risque d'être très mal acceptée, mais la Commission européenne l'avalise sans sourciller.
"Les compagnies aériennes connaissent avec certitude le nombre de quotas (droits à polluer) qu'elles recevront à titre gratuit chaque année jusqu'en 2020. Au prix courant du marché, ces quotas gratuits -- 182 millions de tonnes en 2012, 172 millions de tonnes en 2013 et les années suivantes-- représentent plus de 20 milliards d'euros sur la prochaine décennie", a souligné dans un communiqué la commissaire en charge du Climat Connie Hedegaard.
"Grâce à ces revenus potentiels, les compagnies aériennes pourraient investir dans la modernisation des flottes, l'amélioration de l'efficacité énergétique et l'utilisation de carburant aviation non fossile", a-t-elle préconisé.
Mme Hedegaard parle de 20 milliards d'euros économisés par les compagnies grâce aux quotas gratuits, mais la Commission considère que les compagnies sont parfaitement fondées de répercuter la valeur des quotas gratuits sur les passagers, ce qui équivaudrait à une augmentation de 12 euros par vol, selon ses calculs.
La loi du marché fera la différence, a estimé lundi un de ses responsables, jugeant "très limité" le surcoût demandé aux passagers au titre de contribution à la lutte contre le réchauffement du climat.
L'aviation compte pour 3% des émissions de gaz à effet de serre émises chaque année.
Près de 900 compagnies aériennes européennes et non européennes sont concernées par cette contribution obligatoire très contestée et attaquée devant la Cour européenne de Justice par l'Association des transporteurs aériens des Etats-Unis. L'avocat général de la CEJ devrait rendre son avis le 6 octobre.