Les paquets de cigarettes coûtent en moyenne 30 centimes de plus à partir de lundi en France, une hausse de 6% voulue par le gouvernement qui devrait avoir peu d'effets sur la consommation mais qui rapportera 600 millions d'euros en un an à l'Etat pour la Sécu.
Les fumeurs ne trouveront plus un paquet à moins de 5,70 euros chez leur buraliste. Pour la première fois, les Marlboro (le paquet le plus vendu avec près de 25% de parts de marché) passera la barre des 6 euros, à 6,20 euros.
Le gouvernement a autorisé les fabricants à revoir leurs tarifs, anticipant une hausse des minima de perception qui doit être votée par le Parlement dans la loi de financement de la Sécurité sociale.
Cette hausse avait été annoncée par le Premier ministre François Fillon fin août, lors de la présentation du plan anti-déficit du gouvernement. Elle devrait rapporter 90 millions d'euros cette année et 600 millions d'euros en année pleine.
Les taxes constituent 80% du prix d'un paquet de cigarettes. L'essentiel (plus de 10 milliards d'euros en 2010) va dans les caisses de la Sécu.
M. Fillon a également annoncé une nouvelle hausse de 6% en 2012. Cette hausse interviendra au "premier semestre", "sans doute" avant l'élection présidentielle en France, a déclaré lundi la ministre du Budget et porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse.
C'est la troisième année consécutive que les cigarettes enregistrent à l'automne une telle hausse (30 cts par paquet), largement supérieure à l'inflation. Pour autant, les ventes n'ont jamais baissé jusqu'ici dans les mêmes proportions.
Ainsi, il s'est vendu 54,79 milliards de cigarettes en 2010 contre 54,98 en 2009, soit un maigre repli de 0,3%. Dans le même temps, le volume de tabac à rouler est passé de 7.257 à 7.598 tonnes (+4,7%). Au total, les ventes de tabac (cigares compris) ont augmenté de 0,14% en volume, selon des chiffres de l'observatoire des drogues (OFDT).
Cette année encore, les ventes de cigarettes à fin juillet n'avaient reculé que de 0,6% en volume par rapport à 2010.
En valeur, du fait des précédentes hausses de prix, le marché est en augmentation d'environ 5%. Une croissance que se partagent l'Etat (près 13 milliards d'euros en 2010, dont 2,5 au titre de la TVA), les buralistes (8,2%) et les fabricants et distributeurs (11,8%).
Les associations anti-tabac estiment que toute hausse inférieure à 10% n'a pas d'effet sur la consommation. L'office de prévention du tabagisme (OFT) ironise sur la hausse de lundi y voyant une "demande" de l'Etat "à la filière tabac de bien vouloir augmenter de plus de 100 millions ses profits".
Buralistes et fabricants rappellent de leur côté qu'une forte augmentation a des effets sur les ventes dans les bureaux de tabac, sans pour autant faire baisser la consommation, puisqu'elle incite les fumeurs à s'approvisionner à l'étranger ou auprès de revendeurs à la sauvette.
Une étude des Douanes estime que 20% des cigarettes fumées en France ne sont pas achetées dans le réseau des buralistes, mais en fraude (5%) ou légalement (15%) dans les pays européens limitrophes (Belgique et Espagne) où le paquet se vend jusqu'à 30% moins cher.
Ces achats, qui ont explosé après les fortes augmentations du prix du tabac en 2003/2004 et affectent plus particulièrement les commerces frontaliers, donnent lieu à des compensations financières de l'Etat vers les buralistes.
Un rapport parlementaire, remis début octobre à la ministre du Budget, recommande de "faire converger les prix des tabacs en France et dans les Etats voisins", mais aussi "d'engager une réflexion sur la fiscalité des tabacs à rouler" pour "contrecarrer l'effet de substitution à chaque hausse du prix des cigarettes".
Le tabac tue chaque année 60.000 personnes en France, 15.000 par jour dans le monde.