Les dirigeants du G20 se sont accordés vendredi à accroître le rôle du Fonds monétaire international dans le système économique mondial, et renforcer sa légitimité en donnant plus de poids aux pays émergents en son sein.
Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn s'est félicité dans un communiqué de "décisions historiques pour adapter la coopération économique mondiale aux besoins du XXIe siècle".
La principale décision du sommet a été de tenter de remédier aux problèmes de la répartition des quotas au sein du FMI. Le G20 a décidé du transfert d'"au moins 5%" des quote-parts du FMI aux "pays émergents et en développement dynamiques".
Ce transfert doit se faire avant 2011, mais le G20 n'a pas déterminé selon quelle méthode, ni quels pays exactement donneraient ou recevraient de leur quote-part, qui détermine la contribution financière et le droit de vote au sein du Fonds.
"Le transfert qui a été décidé est le plus grand jamais vu. Ce ne sera pas facile, ça ne l'est jamais. Mais l'impulsion politique qui a été donnée lors de ce sommet fera qu'il sera possible d'aller au bout du processus", a relevé M. Strauss-Kahn.
La France a déjà annoncé que les Européens feraient des sacrifices, mais pas seulement eux, citant l'Arabie Saoudite, l'Iran, la Russie et l'Argentine. Et les gagnants devraient être la Chine, la Corée et la Turquie.
Le G20 a par ailleurs reconnu qu'il fallait "mettre en place de toute urgence l'ensemble de réformes des quote-parts et des droits de vote décidé en avril 2008".
Cette réforme, qui remplissait le même objectif de donner plus de poids aux pays sous-représentés, principalement la Chine, n'est jamais entrée en vigueur faute de ratification par un nombre suffisant de parlements nationaux.
Au sein même du G20, a relevé M. Strauss-Kahn, une dizaine de pays ne l'ont pas fait, dont par exemple le Brésil qui serait l'un des gagnants de cette réforme. Au contraire des Européens, des Etats-Unis ou de la Chine ne l'ont pas fait.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s'est réjoui de ce résultat, qu'il a qualifié de "victoire extraordinaire".
Pour la Banque mondiale, institution soeur du FMI à Washington, le G20 s'est engagé vendredi à transférer aux pays émergents "au moins 3%" supplémentaires des droits de vote.
Second avancée historique pour le FMI, son rôle dans le système économique mondial est considérablement renforcé.
"Le Fonds doit jouer un rôle crucial pour promouvoir la stabilité financière mondiale et rééquilibrer la croissance", ont indiqué les chefs d'Etat et de gouvernement des pays avancés et émergents dans leur communiqué final.
Concrètement, le FMI sera chargé de surveiller les déséquilibres et de faire des recommandations de politique économique aux pays qui devront prendre des mesures correctives adaptées.
Interrogé pour savoir comment le FMI saura imposer ses vues sans pouvoir coercitif, M. Strauss-Kahn s'est dit confiant dans la capacité du Fonds. "Notre analyse doit être assez solide pour faire savoir que c'est la bonne voie et pour convaincre les gens", a-t-il dit.
Ce rôle suscite déjà le scepticisme d'économistes.
Peter Morici, de l'université du Maryland, note que le FMI fait déjà des rapports détaillés sur la politique économique des Etats membres.
"En fait, peu de pression sera probablement exercée sur la Chine et les Etats-Unis pour, par exemple, modifier leur régime de changes ou baisser leur déficit", avance-t-il. "Les pays jouissent d'une forte influence sur ce qui est écrit à leur sujet".