L'amélioration du marché du travail est de plus en plus palpable aux Etats-Unis, où les chiffres officiels de l'emploi ont fait apparaître vendredi des embauches massives pour le troisième mois d'affilée en février.
Le pays a créé ce mois-là 227.000 emplois de plus qu'il n'en supprimait, indique le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail, globalement meilleur que le pensaient les analystes.
En dépit de ces créations de postes massives, le taux de chômage officiel est resté inchangé à 8,3% en février, son niveau le plus faible en trois ans, mettant fin à cinq mois de baisse ininterrompue.
Cette stagnation du chômage est paradoxalement une bonne nouvelle, expliquent plusieurs économistes, car elle résulte d'une hausse de la population active due pour bonne part au fait que des chômeurs découragés, qui en étaient jusque-là exclus sur le plan statistique, se mettent à rechercher du travail.
C'est "le signe d'un optimisme accru en ce qui concerne les perspectives d'emploi", note Sal Guatieri, de BMO Groupe financier.
Autre bonne nouvelle pour l'économie américaine, le département du Travail a revu en hausse de 14% son estimation des créations d'emploi des deux mois précédents.
En moyenne, ce sont 245.000 emplois nets qui ont été créés chaque mois depuis décembre, contre 157.000 de septembre à novembre, et janvier apparaît désormais comme le mois où le pays a le plus embauché en cinq ans.
A moins de huit mois des élections de novembre, où il briguera un second mandat, le président Barack Obama a déclaré que ces chiffres confirmaient que l'économie est "plus forte". "Nous allons nous remettre à prospérer, a-t-il promis.
"Le chômage reste bien trop élevé", a estimé le républicain John Boehner, président de la Chambre des représentants, pour qui l'amélioration de l'emploi est due au "travail acharné et [à] l'esprit d'entreprise du peuple américain", en dépit de "la politique anti-entrepreneuriale" du gouvernement.
Pour Harm Bandholz, économiste de la banque Unicredit, "la montée en puissance du marché du travail continue".
Les créations d'emploi ayant légèrement augmenté dans les services, la baisse des embauches par rapport à janvier "provient exclusivement du secteur secondaire", où les chiffres de décembre et janvier ont certainement été gonflés par la douceur inhabituelle des températures, ajoute M. Bandholz.
Vu la tendance de baisse des nouvelles inscriptions au chômage et la diminution des annonce de licenciements, Jeffrey Rosen, économiste du cabinet Briefing.com, juge "incontestable que le marché du travail gagne de l'élan et que l'économie commence à donner des signes d'une accélération imminente".
Néanmoins, comme l'a remarqué le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, le 29 février, "la situation du marché du travail est encore loin d'être normale" et le chômage pourrait ne pas baisser beaucoup cette année vu que nombre de chômeurs jusque-là découragés risquent de se remettre à chercher du travail si la conjoncture s'améliore encore.
Selon les statistiques gouvernementales, le pays a créé 3,8 millions de postes depuis le début de la reprise de l'emploi en 2010, alors qu'il en a perdu 11,8 millions pendant la crise.
Au moins, estime Ian Shepherdson, du cabinet HFE, la hausse de l'emploi apparaît-elle désormais "durable".