La Bourse de Paris a terminé en forte baisse (-3,08%), pénalisée principalement par les craintes des investisseurs quant à la situation économique de l'Espagne dont les taux d'emprunt s'envolent sur le marché.
Le CAC 40 a perdu 102,21 points à 3.217,60 points, dans un volume d'échanges de 3,554 milliards d'euros. Il retombe au plus bas depuis le 13 janvier (3.196,49 points).
Parmi les autres marchés européens, Francfort a cédé 2,49% et Londres 2,24%. Par ailleurs, l'Eurostoxx 50 a lâché 2,97%.
Aucune valeur du CAC 40 n'a fini dans le vert.
Le marché parisien, qui rouvrait ses portes après un week-end pascal de quatre jours, a débuté la séance en nette baisse, avant de creuser ses pertes dans l'après-midi, dans le sillage du recul de Wall Street et alors que les taux obligataires espagnols grimpaient.
Le CAC 40 a en outre effacé un niveau technique significatif, vers 3.260 points, que "tout le monde a en tête", prévient Frédéric Rozier, gérant chez Meeschaert Gestion Privée.
Les investisseurs ont été encore une fois surtout préoccupés par la situation de l'Espagne qui tente de réduire son déficit malgré une entrée en récession de son économie.
Les taux à 10 ans du pays se tendaient nettement, très proche des 6%, un niveau difficilement tenable sur la durée, tant le coût des emprunts devient prohibitif.
"C'est un cercle vicieux. Plus les taux vont augmenter, plus il sera difficile de faire baisser le déficit", rappelle Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.
Le marché parisien avait souffert en début de séance des chiffres sur l'emploi américain en mars, publiés vendredi et moins bons que prévu, notamment concernant les embauches.
"Cela ne remet pas en cause le fait que l'économie américaine va mieux mais ce chiffre crée de l'incertitude supplémentaire dans un marché qui s'interroge sur l'Europe", souligne M. Murail.
Pour ajouter aux craintes sur la croissance mondiale, le commerce extérieur de la Chine est repassé dans le vert en mars mais la croissance des échanges a fortement ralenti, selon des chiffres publiés mardi.
Au total, "si on écoute les discours de la Banque centrale américaine (BCE) et de la Réserve fédérale américaine (Fed), on a l'impression qu'il manque le carburant qui pourrait faire rebondir l'économie", résume M. Rozier.
Les investisseurs étaient enfin dans l'attente de la publication des comptes trimestriels du producteur américain d'aluminium Alcoa, qui lance la saison des résultats aux Etats-Unis. Le groupe doit publier ses chiffres après la clôture de Wall Street mardi.
Parmi les valeurs, les bancaires ont été pénalisées par les craintes sur l'Espagne, à l'image de BNP Paribas (-5,72% à 31,00 euros), Crédit Agricole (-3,15% à 4,03 euros) et Société Générale (-6,21% à 18,97 euros).
Les titres cycliques, les plus dépendants de la conjoncture, ont fait les frais des interrogations sur la croissance, comme Peugeot (-5,12% à 10,28 euros), Renault (-5,83% à 35,76 euros), Alstom (-7,04% à 26,02 euros) et Alcatel-Lucent (-6,54% à 1,53 euro).
STMicroelectronics (-7,72% à 5,33 euros) a signé la plus forte baisse du CAC 40 après une révision à la baisse de sa prévision de marge brute pour début 2012, dans la foulée d'une décision défavorable en justice.
Technicolor (-12,18% à 1,53 euro) a plongé alors que le groupe est en restructuration après avoir quadruplé ses pertes en 2011 et vient d'annoncer l'arrêt de la fabrication de décodeurs dans son usine d'Angers.
Areva a lui perdu 10,44% à 12,09 euros et Dexia 10,71% à 0,25 euro.
Vinci a perdu 3,76% à 35,73 euros, alors que le groupe va déposer un projet d'offre publique d'achat (OPA) simplifiée visant les actions de sa filiale Entrepose qu'il ne détient pas encore, ce qui devrait lui coûter environ 102 millions d'euros.
En revanche, les valeurs les plus défensives, moins sensibles aux mouvements du marché, ont résisté, comme Essilor (-0,02% à 66,47 euros) et Air Liquide (-1,02% à 97,69 euros).