Les revenus des grands patrons français ont reculé en 2008 mais restent à des niveaux records en Europe et ne sont pas toujours justifiés par leurs performances à la tête des entreprises, selon une étude réalisée pour Capital par le cabinet d'études financières PrimeView.
En 2008, le revenu moyen des cinquante patrons les mieux payés s'élevait en moyenne à 3,8 millions d'euros, soit "240 fois le Smic": "un chèque certes inférieur de 17% à celui perçu en 2007" mais qui reste "un record en Europe" relève le magazine, qui publie cette étude dans son édition à paraître jeudi.
L'étude de PrimeView compare l'évolution respective des rémunérations (comprenant le salaire variable et les plus-values sur les stock-options) des 65 dirigeants français les mieux payés et de leurs performances. Ces dernières sont évaluées sur la période 2005-2008 selon cinq critères: la croissance des bénéfices par action et leur régularité, la rentabilité financière, l'évolution du cours de Bourse et la variation de la marge brute.
Il en ressort que, pour les 59 d'entre eux pour lesquels une comparaison est possible, près d'un sur quatre a un "salaire élevé par rapport à ses performances", tandis que la moitié "mérite son salaire" et qu'un quart "mérite une augmentation" au vu de ses performances.
Parmi les "mauvais élèves", Capital épingle notamment le président d'Axa Henri de Castries, dont le "salaire fixe a été augmenté de 20%" en 2008 alors que les bénéfices de la société ont plongé de 83%, ou l'ex-président du directoire de Wendel, Jean-Bernard Lafonta, qui a touché 1,9 million d'euros de revenus l'an dernier.
Idem pour l'ex-PDG de Valeo Thierry Morin, dont le salaire fixe était de 1,7 million d'euros en 2008 malgré les lourdes pertes affichées par le groupe.
Le magazine félicite en revanche des dirigeants dont les rémunérations sont restées "sages" au regard des performances de leurs groupes, comme le patron d'Eiffage Jean-François Roverato, celui de Canal Plus, Bertrand Meheut, ou d'Accor, Gilles Pélisson.