Les Etats-Unis sont sortis pendant l'été de leur récession la plus longue depuis la crise des années 1930, mais leur économie est encore loin d'être totalement rétablie, malgré une croissance plus forte que prévu au troisième trimestre.
Selon les chiffres publiés jeudi par le département du Commerce à Washington, le produit intérieur brut de la première économie mondiale a progressé au troisième trimestre de 3,5% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent.
Cette reprise de l'activité, plus forte que ne le pensaient les analystes (ils attendaient une croissance de 3,2%) met fin à quatre trimestres consécutifs de recul du PIB.
La croissance estivale est la plus forte hausse du PIB constatée depuis le troisième trimestre de 2007, marqué par l'explosion de la bulle de crédits immobiliers à risques américains, qui allait précipiter le monde dans la crise.
Le président américain Barack Obama a vu dans ces chiffres le signe que "la récession est en train de se dissiper", selon des propos dont la Maison Blanche a publié le texte par avance.
Pour Christina Romer, la conseillère économique en chef de M. Obama, c'est une "nouvelle bienvenue".
Néanmoins, "le chemin est encore long jusqu'à un rétablissement économique complet", a-t-elle ajouté faisant référence au fait que le taux de chômage, à 9,8% fin septembre (son plus haut niveau depuis plus de 26 ans) devrait continuer de monter pendant plusieurs mois.
Même avertissement du président américain qui a jugé que "nous avons encore un long chemin à parcourir".
Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a estimé que malgré la reprise, la récession entamée en décembre 2007 restait "bien présente et mordante" pour des millions d'Américains.
Pour Nariman Behravesh, économiste du cabinet IHS Global Insight, "la récession est terminée, mais il ne faut pas se laisser abuser par le chiffre du jour: le rythme véritable de la reprise est plus faible".
La croissance du troisième trimestre a été tirée par la consommation des ménages, qui a progressé de 3,4% par rapport au printemps, apportant ainsi 2,36 points de croissance au pays.
Moteur traditionnel de l'économie américaine, la consommation s'était effondrée au second semestre de 2008, avant de se reprendre pendant l'hiver pour rechuter au printemps.
Les analystes estiment cependant qu'elle devrait de nouveau baisser au quatrième trimestre, du fait de la baisse de la confiance des ménages face à la montée du chômage, et parce que la consommation de l'été a été gonflée par une "prime à la casse".
Signalant les difficultés qui attendent encore l'économie américaine, la banque centrale (Fed) a estimé récemment que la croissance ne devrait pas être assez forte pour faire baisser "sensiblement" le chômage en 2010.
Parmi les autres grands postes du PIB, l'investissement a crû de 11,5%, après sept trimestres consécutifs de baisse.
L'investissement des ménages, dans le logement notamment, a bondi de 23,4%, après trois ans et demi de recul, consacrant les efforts des autorités pour relancer le marché de l'immobilier, à l'origine de la crise.
Pour les entreprises, la hausse de l'investissement n'a été que de 2,3%.
La baisse des déstockages des entreprises (comptabilisée comme un investissement) a apporté 0,94 point de croissance.
Le seul grand poste du PIB ayant freiné la croissance est le commerce extérieur, qui a eu un effet négatif de 0,53 point, les importations ayant progressé plus fortement que les exportations.