Durement affectés par la crise financière et la grippe porcine, les professionels du tourisme veulent rebondir en visant les voyageurs à petit budget, en particulier les chômeurs, selon les organisateurs du Marché mondial du tourisme, qui s'est ouvert lundi à Londres.
Selon une étude réalisée par Euromonitor à l'occasion du "World Travel Market" (WTM), un des plus grands salons professionnels du secteur, qui fête cette année ses 30 ans, et se déroule jusqu'à jeudi dans la capitale britannique, "la crise financière mondiale a pesé lourdement sur l'industrie du tourisme".
Le nombre de séjours devrait ainsi chuter de 8% cette année, tandis que l'activité des hôtels reculera de 16% et les ventes de billets d'avion de 14%.
Selon Euromonitor, les consommateurs ont réagi à la récession "en fuyant le luxe et en descendant en gamme", et "une nouvelle ère d'austérité est apparue, face à la montée du chômage".
A cela s'est ajouté la grippe H1N1, qui a fait chuter de moitié le taux d'occupation des hôtels au Mexique.
Les agences de voyages ont été promptes à saisir ce changement de comportement, en s'adaptant au développement des "staycations" (vacances à la maison, où l'on se contente d'explorer sa propre région) et autres "microséjours", explique Euromonitor.
Aux Etats-Unis, les offres à destination des chômeurs "pauvres mais riches en temps libre" et autres employés en congé sabbatique se sont multipliées, offrant des rabais pouvant aller jusqu'à 50%.
En Europe, les tour-opérateurs tentent aussi de séduire les consommateurs en leur offrant de plus en plus des services haut de gamme gratuitement ou moyennant un modeste supplément, comme le suisse Kuoni, qui proposera à partir de l'an prochain un service personnalisé, d'ordinaire réservé aux clients aisés, pour une vingtaine d'euros.
Le secteur tente aussi de conjuguer séjours à petits budgets et respect de l'environnement, en inventant des "hôtels mobiles", des structures temporaires installées au coeur des villes, et qui peuvent être déplacées à l'occasion d'un festival ou d'un événement sportif. A la campagne, la mode des yourtes et le développement du camping participent du même mouvement.
Au Maroc, certains hôtels ont volontairement réduit leur nombre d'étoiles, pour attirer un public plus populaire et compenser la chute de la clientèle de luxe, a assuré Caroline Bremner, d'Euromonitor.
Parmi les autres tendances, le World Travel Market croit aussi à un "effet Obama" en Afrique, dans la foulée de la visite au Ghana du président américain, qui semble avoir dopé le "tourisme de retour aux racines". Des agences proposent aux afro-américains à la recherche de leurs origines des séjours sur le continent Noir. Et les vols des USA vers l'Afrique ont bondi de 33% sur les cinq premiers mois de l'année.
De son côté, l'Asie succombe à la passion du golf, en particulier le Japon, qui compte déjà 2.500 parcours, tandis que le Moyen-Orient voit se développer les hôtels réservés aux femmes, créés spécialement pour les musulmanes. Le premier, le Luthan Hotel and Spa, a ouvert ses portes en 2007 dans la très conservatrice Arabie Saoudite.
L'Amérique latine investit dans les infrastructures de luxe, dans l'espoir de capter la clientèle à hauts revenus quand l'économie sera repartie, et de capitaliser sur des grands évenements comme la coupe du Monde de football en 2014 et les jeux Olympiques de 2016, qui se tiendront tous deux au Brésil.