Tout juste sortie de la récession, l'économie française reste fragile, mais la reprise semble bien au rendez-vous et devrait être confirmée par la première estimation de la croissance au troisième trimestre publiée vendredi par l'Insee.
En octobre, l'Institut national de la statistique prévoyait une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5% au troisième trimestre, après la bonne surprise du trimestre précédent (+0,3%) qui avait permis de mettre un terme à une année de reflux de l'activité.
Selon certains économistes, la croissance au troisième trimestre pourrait même être encore meilleure que prévue grâce aux bonnes performances enregistrées entre juillet et septembre.
Toutes les composantes de la croissance affichent en effet des signes positifs.
Minée par la crise et placée sous perfusion par le plan de relance, l'industrie a vu sa production augmenter de 2,9% au troisième trimestre malgré une rechute en septembre. A grands renforts de "prime à la casse", la production du secteur automobile, le plus durement touché, a bondi de 20,7% sur le trimestre.
Même le commerce extérieur français, malade chronique qui plombait presque systématiquement la croissance, a connu un sursaut. Le déficit commercial s'est réduit en septembre à 1,755 milliard d'euros et s'établit au troisième trimestre à son niveau le plus faible depuis fin 2004.
Quant à la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance en France, elle devrait résister tant bien que mal à la crise et à la flambée du chômage qui pèsent sur le pouvoir d'achat. Les dépenses des ménages en produits manufacturés - un quart seulement de la consommation totale mais un bon indicateur de la tendance globale - n'ont baissé que de 0,2% au troisième trimestre.
Comme la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, le répète depuis plusieurs semaines, la croissance française devrait donc bien être "au moins aussi bonne" au troisième trimestre qu'au deuxième.
Pour le dernier trimestre de l'année, la Banque de France a publié lundi un premier pronostic d'une hausse de 0,5% du PIB.
Malgré tous ces signes encourageants, le gouvernement prévoit tout de même une chute du PIB de 2,25% sur l'ensemble de 2009, en raison de la forte récession fin 2008 et début 2009.
Pour 2010, le Premier ministre François Fillon a affirmé lundi que la croissance pourrait atteindre 1,5% en 2010, "l'une des meilleurs performances" européennes.
Un enthousiasme relativisé par Bercy, qui tient pour l'instant à l'hypothèse de croissance "prudente" de +0,75% inscrite dans le projet de budget pour l'an prochain, actuellement en débat au Parlement.
La reprise reste "fragile" et les perspectives pour 2010 encore trop incertaines, insiste-t-on au ministère de l'Economie.
A l'instar de M. Fillon, le Fonds monétaire international (FMI) a lui aussi relevé le 1er octobre sa prévision pour le PIB français à +0,9% en 2010, tandis que la Commission européenne table désormais sur une croissance de 1,2%, comme celle de l'Allemagne, son principal partenaire commercial.
Reste à savoir si la reprise sera durable et suffisante, notamment pour endiguer le chômage.
"Tant que nous n'avons pas retrouvé une croissance supérieure à 2%, entre 2 et 2,5%, il est très difficile de reconstruire de l'emploi", a prévenu François Fillon fin octobre.
Le projet de budget pour 2010 prévoit d'ailleurs 90.000 destructions d'emplois.
La croissance ne sera en tout cas pas suffisante pour ramener le déficit public record en dessous du seuil des 3% autorisé par Bruxelles avant plusieurs années.