Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a présenté un plan en trois étapes pour que la zone euro se dote à terme d'euro-obligations, indiquant que le processus pourrait être lancé dès 2013, dans une interview publiée dimanche par un journal allemand.
M. Rajoy a indiqué au Bild am Sonntag que la première étape vers une mutualisation de la dette des pays de la zone euro, qui aurait l'avantage de faire baisser les coûts d'emprunts de ses membres les plus vulnérables, pourrait être mise en place dès le début de l'année prochaine.
"L'union budgétaire devrait être réalisée en trois étapes", a-t-il expliqué.
"Tout d'abord, les États membres devraient prendre des mesures pour se conformer aux critères de convergence fiscale et économique imposés par le Conseil européen", suggérant que cette harmonisation se fasse en 2013-2014.
Ensuite, en 2015-2016, "une autorité budgétaire européenne, chargée de surveiller les budgets nationaux, doit être créée. Elle formulerait également des recommandations sur les objectifs et l'orientation de la politique budgétaire dans la zone euro".
"A ce stade, des euro-obligations à moyen et à long terme pourraient être émises, à condition que la majeure partie de la dette soit toujours portée au niveau national", a-t-il dit.
Dans une troisième étape, lors de laquelle l'ensemble de la zone euro se verrait imposer des objectifs budgétaires contraignants, des obligations communes à l'Union (européenne) pourraient être émises", a-t-il dit, suggérant 2017-18 comme date d'émission.
"C'est ma proposition, d'autres peuvent voir les choses différemment", a souligné M. Rajoy. "Ce qui est important, c'est que nous parvenions à définir un objectif et les conditions requises pour y parvenir".
Car "la situation actuelle", qui voit certains pays européens s'acquitter de taux d'intérêt "intolérablement élevés" tandis que d'autres bénéficient de taux négatifs, "ne peut pas durer", a-t-il fait valoir. "C'est pourquoi il nous faut résoudre dès à présent le problème des rendements divergents".
M. Rayoy doit rencontrer jeudi à Madrid la chancelière allemande Angela Merkel.
Cette dernière a exprimé à plusieurs reprises son opposition aux euro-obligations, estimant que cela ferait grimper les coûts d'emprunt très bas, sinon négatifs, de Berlin et cela conduirait les Etats membres de la zone euro à relâcher leurs efforts de discipline budgétaire.
M. Rajoy s'est montré confiant au sujet de la chancelière, indiquant qu'il avait "l'impression" qu'elle était "prête" à faire davantage pour résoudre les "problèmes urgents auxquels font face l'euro et l'intégration européenne".