Sans surprise, le taux de chômage a continué à grimper en France au deuxième trimestre 2012, mais moins qu'au trimestre précédent, atteignant 9,7% de la population active en métropole (+0,1) et 10,2% en incluant les DOM, alors qu'aucune éclaircie n'apparaît à l'horizon.
Avec près de 2,8 millions de personnes au chômage en France métropolitaine, ce taux, calculé par l'Insee selon les normes du Bureau international du travail (BIT), atteint un niveau inégalé depuis 1999.
Avant la crise de 2008, le taux de chômage était tombé à son plus bas niveau en 25 ans, à 7,2% en métropole.
Premières victimes, les jeunes (15-24 ans), chez lesquels le chômage a connu une hausse encore plus importante (+0,3 point sur le trimestre, +0,8 sur un an). Il touche 22,7% de cette classe d'âge, soit 634.000 personnes.
Celui des seniors a quant à lui grimpé de 0,2 point sur le trimestre (+0,5 sur un an). Quelque 514.000 Français de plus de 50 ans (6,7%) n'ont plus d'emploi.
Plus généralement, en France métropolitaine, 3,5 millions de personnes ne travaillent pas mais souhaitent travailler, estime l'Institut national de la statistique.
"Ce n'est pas réjouissant, mais pas catastrophique non plus. On aurait pu s'attendre à une hausse plus forte, notamment en raison des destructions d'emploi au deuxième trimestre", estime Mathieu Plane, de l'OFCE.
"Avec une croissance nulle depuis trois trimestres, c'est logique d'avoir une hausse du chômage", souligne l'économiste, selon lequel au minimum 1,5% de croissance est nécessaire pour faire baisser le chômage.
Les emplois d'avenir mobilisés en urgence
Dans sa note de conjoncture, publiée en juin, l'Insee tablait, elle aussi, sur une poursuite de la hausse du chômage. Il pourrait atteindre selon lui 9,9% de la population active en métropole d'ici à fin 2012, 10,3% en incluant les DOM.
"Ces prévisions sont toujours valables ", affirme Frédéric Tallet, de l'Insee, qui note néanmoins que la hausse est "moins dynamique qu'au début de la crise de 2008-2009, où elle pouvait atteindre 0,5 point par trimestre".
L'expert pointe du doigt un autre "message conjoncturel pas optimiste" en termes d'emploi: l'opinion des entrepreneurs, "très dégradée en juillet et en août".
Confronté à ces sombres perspectives, l'exécutif a mobilisé en urgence de nouveaux outils.
Les emplois d'avenir devraient entrer en vigueur au 1er novembre, au lieu du 1er janvier, selon le texte du projet de loi amendé mercredi par la commission des affaires sociales de l'Assemblée.
Le texte vise à créer 150.000 emplois (dont 100.000 dès l'an prochain), largement subventionnés par l'Etat, pour des jeunes peu ou pas qualifiés.
Le gouvernement a également ouvert mardi le chantier du contrat de génération, promesse emblématique de la campagne de François Hollande, visant à atteindre deux objectifs: l'embauche de jeunes en CDI et le maintien des seniors en activité. Il devrait entrer en vigueur en 2013.
"La politique de l'emploi, notamment avec les emplois d'avenir, devrait permettre d'absorber la hausse, mais pas d'inverser la tendance", prédit Mathieu Plane, de l'OFCE.
Parallèlement, les chiffres publiés mensuellement par Pôle emploi, qui recensent les inscrits sur les listes - alors que l'Insee donne une projection à partir d'une enquête réalisée auprès de 100.000 personnes -, affichent la même tendance, avec une hausse continue depuis 15 mois. Ils ont notamment flambé en juillet, avec 2,987 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole.
Dimanche, le ministre français du Travail Michel Sapin a reconnu que la barre des trois millions de personnes sans aucune activité était désormais franchie.