Le Crédit Agricole a annoncé lundi avoir engagé des négociations exclusives avec l'établissement hellène Alpha Bank en vue de la cession de sa filiale Emporiki, qui lui coûterait 550 millions de plus mais permettrait de clore définitivement sa douloureuse aventure grecque.
La nouvelle a été accueillie favorablement par le marché, le titre de la banque française prenant résolument la tête de l'indice CAC 40 dès les premiers échanges. Peu avant 12h00, l'action gagnait 3,45% à 5,55 euros dans un marché en hausse de 1,43%.
Pour se défaire d'Emporiki, Crédit Agricole SA, qui ne recevra qu'un euro symbolique d'Alpha Bank, va devoir ajouter 550 millions d'euros à l'enveloppe de 2,3 milliards annoncée en juillet pour renforcer les fonds propres de la filiale grecque.
L'offre prévoit également que Crédit Agricole souscrive pour 150 millions d'euros d'obligations convertibles en actions Alpha Bank, option que la banque française pourra activer à sa discrétion.
La capitalisation boursière d'Alpha atteignant environ 950 millions d'euros, la banque française pourrait devenir ainsi un actionnaire important de l'établissement grec.
Parallèlement, Crédit Agricole pourra déduire des financements qu'elle accorde encore à Emporiki le total de la nouvelle recapitalisation et des achats d'obligations convertibles, soient 700 millions. Au 30 juin, ces lignes de financement atteignaient encore 2,3 milliards.
L'objectif est de clôturer la vente d'ici la fin de l'année et d'en finir avec le financement d'Emporiki fin 2014.
"C'est plus positif que prévu", a estimé Jean-Pierre Lambert, analyste de Keefe, Bruyette and Woods. "D'abord parce que c'est à la fin de l'année et parce qu'il y a un traitement favorable au niveau fiscal des injections de capital, ce qui réduirait l'impact sur le résultat", a-t-il expliqué.
La banque pourrait ainsi déduire de son résultat imposable une partie des pertes engendrées par les trois recapitalisations d'Emporiki intervenues cette année, ce qui réduirait sensiblement sa facture fiscale.
Sur la seule année 2012, Crédit Agricole aura laissé sur la table près de 5 milliards (4,85 milliards) pour renflouer Emporiki.
Au total, en comptant le coût d'acquisition initial, les pertes comptables et les augmentations de capital, la facture se monterait à environ 8,7 milliards d'euros en net, pertes et recapitalisation faisant doublon.
En 2006, la prise de contrôle d'Emporiki était rien moins que le plus important investissement direct jamais réalisé par un étranger en Grèce.
Mais le marché s'intéresse moins au coût de l'opération qu'à la fin de la saga, qui a mis à genoux le cours de Bourse de la banque verte et passablement crispé les caisses régionales, dont l'assise financière a permis au groupe de tenir.
Cette aventure, ainsi que celle de la banque de financement et d'investissement, a d'ailleurs entraîné une reprise en main des caisses régionales, symbolisée par l'arrivée de Jean-Paul Chifflet à la direction générale, en mars 2010.
Depuis, la banque a officiellement renoncé à ses ambitions de croissance externe, se recentrant résolument sur la France et l'Italie.
La cession d'Emporiki permettra également à Crédit Agricole de réduire ses engagements de 18 milliards d'euros, ce qui contribuera mécaniquement à relever ses niveaux de fonds propres.
La banque "estime que cette opération conforterait l'atteinte des objectifs de solvabilité (...) à fin 2013", soit un ratio de fonds propres "durs" (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits accordés) supérieur à 10%, avec la méthode de calcul du nouveau cadre réglementaire Bâle III.