Les ministres des Finances des grandes puissances du G20 se retrouvaient dimanche à Mexico pour maintenir la pression sur l'Europe afin qu'elle trouve enfin la parade à sa crise qui menace toujours l'économie mondiale, à l'orée d'une semaine à nouveau cruciale pour la Grèce.
Les ministres et les banquiers centraux des vingt principaux pays riches et émergents devaient se réunir à partir de 17H30 (23H30 GMT) pour deux jours de débats. L'ordre du jour officiel est assez mince: un point d'étape sur la régulation financière et sur la réforme de la gouvernance du Fonds monétaire international (FMI), sur lesquels aucune percée spectaculaire n'est attendue à Mexico.
Mais les grands argentiers doivent aussi, comme à chaque fois, faire le point sur l'économie mondiale. Et là, les nouvelles ne sont pas bonnes. Le FMI vient d'ailleurs de revoir à la baisse ses prévisions de croissance.
La présidence mexicaine du G20 entend soulever trois "incertitudes" majeures. La première est le ralentissement des économies émergentes, dont la Chine, et la deuxième est le "mur budgétaire" ("fiscal cliff") américain qui risque, faute d'accord politique à Washington, de déboucher à la fin de l'année sur un tour de vis drastique aux finances publiques des Etats-Unis.
Mais à la veille de l'élection présidentielle américaine et en pleine transition politique en Chine, les organisateurs ont peu d'espoir d'obtenir des engagements clairs de la part des pays concernés.
Spectre grec
Comme c'est le cas désormais depuis près de trois ans, la menace principale vient d'Europe. La zone euro espérait arriver à cette réunion en bon ordre de bataille, après avoir peaufiné sa stratégie de sortie de crise, avec une Banque centrale européenne (BCE) sur le pied de guerre et une union bancaire sur les rails.
Toutefois, ses partenaires veulent la voir aller plus loin.
"Nous voulons y voir plus clair sur l'Espagne", qui hésite toujours à faire appel aux mécanismes d'aide européens, "et sur les autres Etats européens en difficulté", a ainsi déclaré avant la réunion un responsable canadien.
Le ministre espagnol Luis de Guindos n'entend pas pour autant s'éterniser sur les raisons pour lesquelles Madrid ne demande pas ce soutien, mais souhaite davantage "expliquer le plan de réformes" mises en oeuvre, selon son entourage.
Les Etats-Unis ont eux pressé vendredi les Européens d'aider la Grèce, toujours en plein marasme, à retrouver "une trajectoire viable".
Les négociations en cours entre la Grèce et ses créanciers internationaux (BCE, Union européenne et FMI) butent sur les moyens de financer le pays, en récession pour la cinquième année consécutive, sans aggraver la dette publique qui devrait dépasser cette année 170% du produit intérieur brut.
Un haut responsable du Trésor américain a même laissé entendre que la zone euro devrait se résoudre à accepter de restructurer la dette d'Athènes à son égard. Or plusieurs Etats européens, Allemagne en tête, s'opposent fermement à une telle solution.
En attendant, le spectre d'une sortie de la Grèce de l'Union monétaire, qui semblait s'éloigner, a ressurgi, agité par le Premier ministre Antonis Samaras pour tenter de ressouder sa coalition gouvernementale.
"Nous devons sauver le pays de la catastrophe", "si nous échouons à rester dans l'euro rien n'aura de sens", a-t-il lancé alors que le Parlement grec doit voter mercredi et dimanche de nouvelles mesures de rigueur réclamées par l'UE et le FMI en échange d'une nouvelle tranche d'aide vitale pour la Grèce et, peut-être, d'un délai pour la mise en oeuvre des réformes. Ces votes sont la condition pour que le pays "en finisse définitivement et irrévocablement" avec le danger d'un retour à la drachme, a insisté Antonis Samaras.