La filière nautique française s'apprête à ouvrir son 52e salon à Paris à partir de samedi dans un contexte difficile, les ventes du secteur ayant reculé de 20% cette année malgré un engouement du public qui ne se dément pas.
"Nous avons subi depuis le début de l'année 2012 un choc violent" en raison de la crise économique, a déclaré Jean-François Fountaine, le président de la Fédération lors d'une conférence de presse jeudi à l'occasion du Salon nautique international de Paris (Nautic), qui se tient porte de Versailles du 8 au 16 décembre.
Les organisateurs espèrent y accueillir autant de visiteurs qu'en 2011, soit plus de 240.000 personnes, qui découvriront quelque 800 bateaux et 1.400 marques.
Car, si le marché a souffert cette année, il n'y a "pas de désaffection du public" pour les activités nautiques, comme le montre l'engouement provoqué par le Vendée Globe actuellement, relève Jean-François Fountaine.
Selon la Fédération, l'année nautique 2011-2012 a été marquée par une chute brutale du marché, avec un recul de 18% du chiffre d'affaires de la production de bateaux de plaisance, à 739,9 millions d'euros, selon des estimations provisoires.
Le nombre d'unités produites est en recul de 20% à 43.700, précise-t-elle.
Relais de croissance en Chine et au Brésil
Mais cette baisse pourrait toutefois avoir atteint un plancher même s'il reste difficile d'y voir clair faute de visibilité macro-économique, a fait valoir Yves Lyon-Caen, président du conseil de surveillance de Beneteau, le numéro un mondial des voiliers de plaisance.
"L'année 2012 a été marquée par un affaiblissement du marché européen qui pendant toute la crise depuis 2008 avait relativement bien résisté par rapport au marché nord-américain", a déclaré M. Lyon-Caen, qui est le vice-président de la Fédération.
Il n'y a pas pour l'heure d'indication d'une "franche rupture" par rapport à la conjoncture mais on observe des "éléments de reprise" aux Etats-Unis, après une contraction de 70% du marché depuis cinq ans, relève-t-il.
A ce titre, l'année 2012 pourrait avoir marqué un début de rebond, a-t-il prudemment estimé.
Cette année, ce sont les voiliers qui ont le plus souffert de la crise, avec un recul de 24% de la production (418 millions d'euros), selon la Fédération.
La production des bateaux à moteur s'est également affaissée mais dans une moindre mesure (-10%) à 302 millions, tandis que celle des péniches et des bateaux légers a bondi de 36% à 19,4 millions.
La baisse a été particulièrement marquée en Europe, avec un recul de l'activité qui pourrait atteindre 25 à 30%, notamment en raison de l'Italie et de l'Espagne.
La France a relativement bien résisté avec un recul de 9,6% des immatriculations de bateaux neufs tandis que le marché de l'occasion progresse très légèrement (+0,3%).
Le recul a été particulièrement sensible sur le marché méditerranéen, notamment en Espagne et en Italie, a relevé Yves Lyon Caen. Mais l'industrie nautique a également souffert en Angleterre, au Bénélux et en Scandinavie, a-t-il souligné.
Dans ce contexte, "il a fallu que les constructeurs aillent chercher leurs clients hors d'Europe", a relevé Yves Lyon Caen. Selon la Fédération, les exportations hors Europe ont ainsi gagné du terrain cette année et représentent désormais 68% de la production française, contre 67% au cours de l'exercice précédent, grâce notamment aux bateaux à moteurs et à des marchés comme la Chine ou le Brésil.