Des risques "importants" continuent de peser sur la situation économique en Grèce en dépit du déblocage partiel de l'aide de ses créanciers internationaux, a prévenu mardi le groupement des plus grandes banques mondiales dans un rapport.
"Avec un PIB qui devrait décliner d'environ 4 à 5% l'année prochaine (...) et une cohésion sociale mise à l'épreuve par des nouvelles mesures d'austérité, les risques sur le plan d'aide de l'UE et du FMI resteront importants", a estimé l'Institut de la finance internationale (IIF).
A l'issue de longs mois de tractations, la Grèce a commencé cette semaine à recevoir une nouvelle tranche d'aide de 34,3 milliards d'euros d'un prêt de l'Union européenne (UE). Le Fonds monétaire international (FMI) doit encore approuver formellement le déblocage de sa contribution, gelée depuis le printemps.
Dans son rapport, l'IIF fait également part de ses doutes sur les bienfaits de l'opération de rachat de sa dette qu'Athènes a récemment bouclée afin de diminuer son endettement abyssal et obtenir le feu vert de ses bailleurs de fonds.
"Les doutes sur la viabilité de la dette persisteront tant que la croissance ne sera pas de retour", a noté l'institut qui représente les intérêts de plus de 470 établissements financiers à travers le monde.
La Grèce est engluée dans sa cinquième année consécutive de récession, avec un recul du Produit intérieur brut qui devrait atteindre 6,5% en 2012.
Selon l'accord conclu avec ses créanciers, Athènes doit ramener sa dette à 124% de son produit intérieur brut en 2020 et 110% deux ans plus tard, contre près de 170% cette année.
"Le niveau de dette soutenable en Grèce n'est ni à 120 ni à 110%. C'est bien plus bas", a estimé le chef économiste de l'IIF, Philip Suttle, estimant que le pays aura du mal à séduire à nouveau les investisseurs privés, mis à contribution lors des opérations de restructuration de la dette du pays.
"Il nous semble qu'il n'y aura pas, dans les temps qui viennent, d'argent du secteur privé pour venir financer la dette (grecque) à côté des créanciers publics" qui bénéficient eux d'un statut privilégié, a estimé M. Suttle lors d'une conférence de presse.
Dans son rapport, l'IIF fait également part de ses inquiétudes au sujet d'un autre pays de la zone euro, l'Italie, où la récente annonce d'une démission prochaine du Premier ministre Mario Monti et le possible retour de Silvio Berlusconi au pouvoir ont ouvert une période de flou.
"Il y a une (...) incertitude sur le point de savoir si l'agenda des réformes structurelles lancées par M. Monti sera poursuivi", souligne l'IIF.
"L'incertitude politique en Italie pourrait conduire à une montée des tensions dans la zone euro, notamment à une contagion à l'Espagne", estime l'Institut, ajoutant que dans un tel scénario, le recours d'un de ces deux pays à l'aide européenne serait "hautement probable".