Près de 1.000 nouveaux demandeurs d'emploi sans activité se sont inscrits en moyenne chaque jour à Pôle emploi en métropole en novembre, pour un 19ème mois consécutif de hausse et un nombre total de 3,13 millions, proche du record historique de janvier 1997 (3.205.000 chômeurs sans activité).
Après l'explosion en septembre et en octobre, où plus de 45.000 nouveaux chômeurs sans aucune activité étaient venus frapper à la porte du service public de l'emploi, le ministère du Travail souligne dans un communiqué que le nombre est "moins important en novembre que lors des mois précédents".
"Avec 29.300 demandeurs d'emploi sans activité de plus (+0,9% en un mois, +10,8% en un an), on (garde) toutefois un rythme très soutenu" et, depuis quatre mois, "une accélération inquiétante", estime Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.
En tenant compte des DOM, Pôle emploi recensait 4,9 millions de demandeurs d'emploi, en incluant ceux ayant une activité réduite, un record absolu depuis la mise en place de statistiques comparables, dont 3,38 millions sans aucune activité.
Jeudi, lors d'une visite surprise au marché international de Rungis, François Hollande a érigé 2013 en année de la "grande bataille pour l'emploi", réaffirmant son objectif d'inverser la courbe du chômage à la fin de l'année.
Le ministère du Travail souligne aussi que ce "sera la priorité de l'année (...) pour l'ensemble du gouvernement qui est pleinement mobilisé dans ce but".
De son côté, Jean-François Copé (UMP) a accusé François Hollande de "s'entêter à vouloir mettre en oeuvre des solutions d'un autre âge" et "sans efficacité", Marine Le Pen (FN) dénonçant elle "un désastre social produit par le PS et l'UMP".
Pour le Parti socialiste, "ces chiffres appellent à une grande sévérité à l'égard de ceux qui ont laissé notre pays s'enfoncer ainsi pendant cinq ans".
1,94 million de chômeurs de longue durée, un record
"La bataille engagée, c'est un peu David contre Goliath, car les outils développés (contrats aidés, emplois d'avenir, contrat de génération) ne pourront pas contrebalancer la tendance. Seule une croissance supérieure à 1,5% le pourrait", juge Mathieu Plane, rappelant que le gouvernement ne table que sur 0,8%.
Seniors et jeunes figurent toujours parmi les premières victimes. Le nombre d'inscrits de plus de 50 ans sans activité s'envole ainsi: +17,5% en un an.
Explosion aussi des chômeurs de longue durée, inscrits depuis plus d'un an, (en incluant une activité réduite), qui sont désormais 1,94 million, un record absolu (+11,7% en un an).
Près d'un demi-million d'entre eux pointent à Pôle emploi depuis plus de 3 ans (+19,8% en un an).
"Il y a un vrai problème structurel, il va falloir prendre en charge collectivement les chômeurs de longue durée car on ne voit pas bien ce qui leur permettrait de sortir de cette situation", estime Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis.
Parmi les motifs connus d'entrée à Pôle emploi, les fins de CDD arrivent toujours en tête (25,3%).
Le sujet est au coeur de la laborieuse négociation patronat-syndicats sur la réforme du marché du travail.
Pour Eric Aubin (CGT), cette donnée prouve "que la flexibilité et la précarité dans notre pays sont un véritable fléau", à "combattre".
Alors que les effets des plans sociaux qui s'accumulent ne se ressentent pas encore dans les chiffres (seulement 2,4% des entrées à Pôle emploi se font à la suite d'un licenciement économique), les 122 salariés du glacier carcassonnais Pilpa montent en cette fin d'année une garde permanente autour de leur usine pour empêcher le propriétaire, un grand groupe contrôlé par un fonds d'investissement américain, de déménager les machines.