La France a annoncé la tenue d'une réunion européenne, qui aura lieu mercredi à Bruxelles, et la mise "sous surveillance" de l'ensemble de sa filière viande et poisson en 2013, après le scandale des plats surgelés à la viande de cheval faussement estampillée "boeuf".
A l'issue d'une réunion de crise à Bercy avec les professionnels de la filière agro-alimentaire, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a affirmé lundi être "convenu avec le ministre britannique d'une une réunion avant la fin de la semaine au niveau européen".
La présidence irlandaise de l'Union européenne a précisé dans la soirée que la réunion se tiendrait mercredi, pour "discuter avec la Commission européenne (...) de toutes les mesures nécessaires".
Paris a souligné vouloir "pousser" pour un meilleur étiquetage des produits. M. Foll a estimé que la Commission européenne, qui "devait faire rapport à la fin de l'année", devait "aller plus vite" à la lueur du scandale, découvert en fin de semaine passée au Royaume Uni.
Selon les professionnels de l'agro-alimentaire présents à la réunion de Bercy, les résultats de l'enquête pour déterminer à quel moment et par qui l'étiquette "viande bovine" a été apposée sur un lot de viande de cheval, ensuite cuisiné en lasagnes, seront connus mercredi ou jeudi au plus tard.
Sans attendre, le gouvernement a décidé un "renforcement immédiat" des contrôles de la répression des fraudes, qui va étendre ses recherches au-delà des deux sociétés dans la tourmente, Spanghero et Comigel, a dit le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon.
La DGCCRF va mettre "sous surveillance" l'ensemble de la filière viande et poisson pendant l'année 2013, a-t-il assuré.
"Nous avons la volonté de prendre des mesures correspondant à l'étendue du préjudice. Nous allons vérifier tous les autres produits sur lesquels il pourrait y avoir un risque en étendant les contrôles", a affirmé M. le Foll.
Le président François Hollande a dénoncé lundi des "manquements", des "profits" et "des comportements inadmissibles" dans cette affaire et réclamé des sanctions "administratives et pénales si le dossier le justifie".
"Des sanctions seront prises, qu'il s'agisse de négligence ou de fraude. Nous serons intraitables", a assuré Guillaume Garot, ministre chargé de l'Agroalimentaire.
Des agents de la DGCCRF ont inspecté les sièges de Comigel, à Metz (est), et de Spanghero, à Castelnaudary (Aude).
Spanghero "tient à rappeler qu'elle exerce son activité dans le strict respect des réglementations européennes et françaises au service de ses clients et du consommateur final", a commenté son président, Barthélémy Aguerre.
Selon un inspecteur de la DGCCRF, la visite dans les locaux du siège social de Comigel doit durer plusieurs jours. Elle vise notamment à consulter tous les documents utiles en possession de l'entreprise, "des pièces que l'on demande toujours dans ce genre d'affaires", a-t-il précisé.
Le président de l'Association des industries agroalimentaires, Jean-René Buisson, a nié toute responsabilité: "Findus, le principal concerné, a reçu de la viande avec un certificat indiquant de la viande de boeuf, c'est un problème de tromperie", a-t-il déclaré.
Dans cette affaire, chaque maillon de la chaîne renvoie la responsabilité sur l'entreprise travaillant en amont.
La viande en cause, d'origine roumaine, aurait été négociée par un trader chypriote puis un trader néerlandais, avant d'arriver chez un fournisseur français, Spanghero, d'être ensuite redirigée vers le préparateur, Comigel, et d'être enfin redistribuée dans des plats préparés pour Findus et différents distributeurs.
Les principales entreprises de restauration collective en France ne se sont pas fournies directement auprès de Comigel ni Spanghero, a dit lundi à l'AFP le Délégué général de leur fédération.
"La traçabilité des produits alimentaires n'est pas remise en cause dans cette affaire, nous avons mis en place le meilleur système au monde depuis la crise de la vache folle", a ajouté M. Buisson, tout en admettant qu'il fallait "améliorer le maillage de nos contrôles".
Le groupe Findus France, premier concerné par le scandale, devait porter plainte contre X lundi.
De son côté, le Premier ministre roumain, Victor Ponta, a assuré qu'"aucune irrégularité n'a été commise par une société roumaine ou sur le territoire roumain".
L'affaire a démarré mi-janvier quand les autorités irlandaises ont découvert du cheval dans de la viande hachée produite au Royaume-Uni et en Irlande et écoulée dans ces deux pays.
Mais elle a pris une ampleur européenne après l'annonce jeudi de la découverte en Grande-Bretagne de cheval dans des lasagnes de boeuf Findus.
Des retraits ont eu lieu depuis en France, en Grande-Bretagne, en Suède et en Belgique. Dans l'Hexagone, presque tous les principaux distributeurs y ont procédé pour des produits de la marque ou de marque de distributeurs.
Il s'agit de lasagnes, cannellonis ou spaghettis bolognaise, moussaka, hachis parmentier, vendus dans les magasins Auchan, Casino, Carrefour, Système U, Cora, Monoprix et Picard.