La banque centrale des Etats-Unis (Fed) semblait mercredi sur le point de confirmer sa politique de soutien exceptionnel à l'économie américaine à l'heure où la reprise donne quelques signes de faiblesses.
A l'issue d'une réunion entamée mardi après-midi à Washington, les 12 membres de son comité de politique monétaire (FOMC) dévoileront leur décision à 18H00 GMT et devraient opter pour le statu quo, à la veille d'une réunion très attendue de la Banque centrale européenne (BCE).
"Nous n'attendons aucun changement de la politique de la Fed à l'issue de la réunion du FOMC", souligne Michael Feroli, économiste de la banque JP Morgan Chase, résumant l'état d'esprit de nombreux analystes.
Le FOMC devrait donc confirmer la poursuite des injections de liquidités dans le circuit financier au rythme de 85 milliards de dollars nets par mois, via notamment le rachat de bons du Trésor américain à hauteur de 45 milliards de dollars.
Il devrait également réitérer son engagement à maintenir le taux directeur de la Réserve fédérale dans la fourchette de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis décembre 2008, tant que le taux de chômage continuera de dépasser 6,5% et si cela ne compromet pas son objectif d'inflation à moyen terme, fixé à 2% sur un an.
Ces mesures ont pour but d'exercer une pression à la baisse sur l'ensemble des taux d'intérêt, du plus court au plus long terme, afin de favoriser la consommation et le marché du logement et, au final, soutenir la reprise du marché de l'emploi, alors que le taux de chômage est encore de 7,6%.
Nouveaux signes de faiblesse
"Les améliorations +importantes+ sur le marché de l'emploi (attendues par la Fed, ndlr) ne se sont pas concrétisées", estime le cabinet Prestige Economics dans une note, alors que les nouveaux chiffres sur l'emploi doivent être publiés vendredi.
L'économie américaine a même donné de nouveaux signes de faiblesses depuis la dernière réunion de la Fed fin mars.
Baromètre de l'activité sur l'ensemble du pays, l'activité économique de la région de Chicago s'est contractée en avril pour atteindre son point le plus bas depuis trois ans et demi, selon un indicateur publié mardi.
Dévoilés la semaine dernière, les chiffres de la croissance au premier trimestre ont révélé une accélération de l'activité mais également un ralentissement de la demande intérieure pour les produits américains.
Dans ce contexte incertain, "l'attention va se porter sur les mots choisis par le Comité (de la Fed) pour décrire l'état de l'économie" américaine, assure Michael Feroli.
De cette évaluation pourrait dépendre la durée de vie du plan anti-crise de la Fed, dont les potentiels effets indésirables (formation de bulle financière, déstabilisation des pays émergents...) suscitent des inquiétudes croissantes, notamment de la part du Fonds monétaire international (FMI).
A en croire les minutes de la dernière réunion de la Fed, une majorité de dirigeants de la banque centrale seraient favorables à une baisse progressive du rythme des rachats d'actifs afin de mettre un terme à ce programme d'ici à fin décembre.
Mais si la situation économique ne s'améliorait pas, la Réserve fédérale pourrait, au contraire, être tentée d'accroître encore son soutien à l'économie américaine à l'heure où l'inflation semble sous contrôle.
"Je surveillerai quelle place (le comité, ndlr) va accorder (à la question de l'inflation, ndlr) pour évaluer la probabilité d'un nouvel assouplissement monétaire lors des prochaines réunions", écrit Tim Duy, professeur d'économie à l'université de l'Oregon et auteur d'un blog sur la Fed.