Le gouvernement italien a démenti mardi qu'il allait donner son feu vert à une fusion entre Telecom Italia et l'espagnol Telefonica mais le marché semblait tout de même parier sur une telle opération alors que les rumeurs se sont multipliées récemment.
Le quotidien La Repubblica a affirmé que le gouvernement s'apprêtait à donner son accord à une telle opération, en échange de garanties.
Telefonica est l'actionnaire principal de Telco, holding de contrôle du groupe italien depuis 2007 qui dispose de 22,5% de son capital, ce qui fait du groupe espagnol le premier actionnaire de Telecom Italia avec une part indirecte d'environ 10%.
Le gouvernement italien s'est empressé de démentir ces informations de "la manière la plus totale", écrivant dans un communiqué qu'"il n'y a eu aucune rencontre, aucun contact, aucune condition".
"Il n'y aucun avis favorable du gouvernement, il y a trop de bavardages", a insisté le ministre du Développement économique, Claudio Scajola, selon des propos tenus en Israël, où il accompagne Silvio Berlusconi, et rapportés par les médias italiens. M. Scajola a indiqué qu'il rencontrera jeudi le directeur général de Telecom Italia, Franco Bernabè.
Telecom Italia et Telefonica se sont refusés à tout commentaire.
Selon La Repubblica, les conditions posées par le gouvernement seraient notamment que le réseau de télécommunications, qu'il considère comme stratégique, reste entre des mains italiennes.
Il souhaiterait aussi que les actionnaires italiens du groupe, les banques Intesa Sanpaolo et Mediobanca et l'assureur Generali, s'engagent à ne pas céder leurs parts pendant un certain temps.
Un feu vert à une fusion serait un changement d'orientation pour le gouvernement qui avait jusqu'à présent refusé une telle hypothèse, fait remarquer La Repubblica.
Mais le groupe Mediaset de Silvio Berlusconi a racheté fin décembre la chaîne espagnole Cuatro et Rome pourrait donc accepter de renvoyer l'ascenseur aux Espagnols, a souligné fréquemment la presse italienne ces dernières semaines.
Le marché semblait de son côté croire à la possibilité d'une telle fusion.
Malgré le démenti de Rome, l'action Telecom Italia, qui avait pris près de 9% dans les premiers échanges, a clôturé sur un bond de 6,01% à 1,146 euro, dans un marché en hausse de 1,83%. Telefonica a pris de son côté 0,55% à 17,42 euros dans un marché en hausse de 1,33%.
Si les informations de presse en ce sens sont récurrentes depuis l'entrée de Telefonica dans le capital de l'italien, elles se sont multipliées récemment. Début janvier, Intesa Sanpaolo, Mediobanca et Generali ont notamment démenti une vente de leur participation à Telefonica.
"La logique d'une telle opération est assez forte. Telefonica a des raisons significatives de vouloir augmenter sa participation" même si "cela ne sera jamais une opération facile", a déclaré à l'AFP Michael Kovacocy, analyste de Daiwa Capital Markets. "Nous verrons à coup sûr une opération dans les trimestres qui viennent", a-t-il assuré.
Mais ce point de vue ne fait pas l'unanimité. "Nous continuons de penser que les informations sur un rachat de Telecom Italia par Telefonica ont peu de chances de se concrétiser", juge Giovanni d'Amico, analyste chez UniCredit, dans une note.
Selon lui, un "scénario de long terme", dans le cadre duquel Telefonica sortirait de Telecom Italia mais rachèterait sa filiale brésilienne tandis que la holding Fininvest de Silvio Berlusconi soutiendrait les actionnaires italiens de Telecom Italia, "est plus probable".