par Elizabeth Piper et William James
LONDRES (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May a nommé lundi le ministre de l'Immigration Brandon Lewis à la présidence du Parti conservateur, dans le cadre d'un remaniement ministériel destiné à resserrer les rangs après une année 2017 difficile.
Theresa May, sortie affaiblie des élections législatives de juin dernier et contestée au sein même de son parti, est quand même parvenue en décembre à obtenir un accord avec l'UE sur le lancement de la deuxième phase des négociations du Brexit. Mais elle doit compter avec une opinion publique sceptique sur sa capacités à parvenir à un bon accord.
Les poids lourds du gouvernement ont été maintenus dans leurs fonctions: Boris Johnson reste aux Affaires étrangères, David Davis au Brexit, Philip Hammond aux Finances et Amber Rudd à l'Intérieur. Le ministre des Entreprises Greg Clark conserve également son portefeuille, selon un tweet en provenance des bureaux de May.
En revanche, et c'est un coup dur pour la Première ministre, son ministre chargé des Affaires nord-irlandaises, James Brokenshire, a annoncé lundi matin sa démission pour raisons de santé. Il cède son porte-feuille à Karen Bradley, jusque là ministre de la Culture.
David Lidington est nommé lui ministre au sein du Bureau du Cabinet. Il remplace le principal allié de Theresa May aux Communes, Damian Green, contraint de démissionner peu avant Noël après avoir reconnu avoir menti après la découverte d'images pornographiques sur les ordinateurs de son bureau parlementaire en 2008.
Mais le plus grand changement est la nomination de Brandon Lewis, 46 ans, à la tête du Parti conservateur en remplacement de Patrick McLoughlin, également ministre sans portefeuille et qui était de plus en plus critiqué au sein du parti. James Cleverly est nommé lui à la vice-présidence du parti.
Il s'agit pour Theresa May de réaffirmer son autorité sur le parti tout en tentant d'élargir son électorat.
Brandon Lewis et James Cleverly vont devoir changer l'image du Parti conservateur pour qu'il offre un visage plus attractif pour les jeunes électeurs et l'électorat du nord de l'Angleterre si les Tories veulent avoir une chance de remporter les prochaines élections législatives en 2022, estiment les observateurs.
Le Parti conservateur est donné au coude-à-coude avec le Labour dans les enquêtes d'opinion, et la formation au pouvoir est en proie à des dissensions sur le type de relations que le Royaume-Uni doit chercher à avoir avec l'Union européenne lorsqu'il quittera le bloc européen fin mars 2019.
Ce remaniement intervient aussi à un moment où l'opinion publique n'a jamais été aussi sceptique sur la capacité de May de parvenir à un bon accord avec les Européens sur le Brexit, selon un sondage de l'institut ORB publié lundi.
D'après cette étude, 50% des personnes interrogées estiment que leur Première ministre en sera incapable, contre 31% d'un avis contraire et 19% sans opinion sur la question.
En avril dernier, quelques jours après le lancement officiel de la procédure de divorce, un précédent sondage ORB montrait que 41% des personnes interrogées pensaient May capable de négocier un bon accord contre 35% d'un avis contraire et 24% sans opinion.
(Eric Faye, Guy Kerivel et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Henri-Pierre André)