Les parlementaires chypriotes ont approuvé vendredi deux projets de lois sur le secteur bancaire, quelques heures après un premier vote défavorable qui faisait craindre le non-versement de la deuxième tranche du plan d'aide de 10 milliards d'euros.
Lors d'une session marathon jeudi, le Parlement avait approuvé 12 des 14 projets de lois exigés par l'Union européenne et le Fonds Monétaire international (FMI) en échange de ce versement d'1.5 milliard d'euros, qui doit être approuvé le 13 septembre lors d'une réunion de l’Eurogroupe.
Mais sur les 14 projets soumis aux parlementaires, ces derniers en avaient rejeté deux: l'une visant à donner à la Banque centrale l'autorité pour superviser les banques coopératives de l'île, autrefois autonomes, l'autre à recapitaliser la Hellenic Bank.
Sous la pression du ministre des Finances Haris Georgiades, et d'appels venus de l'étranger remettant en cause le sauvetage de l'île, le Parlement s'est réuni de nouveau à minuit passé, et a finalement adopté ces deux projets de lois, à 41 voix contre 3.
Ce vote, a déclaré le porte-parole du gouvernement à la radio, évite à Chypre de se retrouver "en difficulté" face à ses créanciers, et permet au ministre des Finances de demander à l’Eurogroupe l'aide dont Nicosie a "désespérément besoin".
En vertu des projets de loi adoptés, le gouvernement va acquérir 99% des banques coopératives, qui seront placées sous l'autorité de la banque centrale, qui pourront à terme racheter leurs parts, et les obligations de la Hellenik bank seront converties en actions, pour recapitaliser les créanciers.
Parmi les 12 autres projets adoptés figurent une pénalité de 10% en cas de retard dans le paiement des taxes sur les ventes de biens immobiliers et une nouveau calcul de la vignette automobile en fonction du taux d'émission de CO2 des véhicules.
En échange du plan de sauvetage, la Banque centrale européenne, l'Union européenne et le FMI avaient déjà exigé la liquidation de la deuxième banque de l'île, Laïki, et un ponctionnement de 47,5% des comptes de la Bank of Cyprus dont le solde était supérieur à 100.000 euros.
Le principe d'une compensation pour les caisses de prévoyance et les fonds de pensions détenus par Laïki a également été adopté jeudi.
En plus de la perte de leurs économies, les Chypriotes ont du faire face à des hausses d'impôts et des réductions des dépenses.
Ces prélèvements avaient obligé le gouvernement à fermer toutes les banques de l'île pendant près de deux semaines en mars, et à mettre en place un contrôle draconien des flux de capitaux lors de leur réouverture, dont certaines mesures sont toujours en vigueur
Jeudi, appelées par le parti communiste d'opposition Akel, quelque centaines de personnes avaient manifesté devant le Parlement contre les mesures d’austérité, agitant des pancartes sur lesquelles ont pouvait lire "Taxez les riches, pas les pauvres" et "Nous ne sommes pas des mendiants".