Seulement 13% des entreprises américaines ayant investi en France ont une "perception positive" du pays, selon un sondage réalisé par la chambre de commerce américaine en France et le cabinet de conseil Bain, et rendu public mardi.
A titre de comparaison, la proportion était de 22% l'an dernier, 56% en 2011 et 46% en 2010.
Le baromètre annuel établi par ces deux organisations, qui en est à sa quatorzième édition, "révèle une baisse du moral des investisseurs américains en France pour la 3ème année consécutive", selon un communiqué.
Il "met également en lumière une baisse de l'attractivité de la France en tant que destination" pour les Américains, premiers investisseurs étrangers dans le pays.
Pour l’année 2013, seuls 10% des "répondants", à savoir des décideurs de filiales françaises de sociétés américaines, croient en l’amélioration du contexte économique en France (contre 12% en 2012 et 21% en 2011).
"Lorsqu’ils sont interrogés sur la perception par leur maison mère de l’attractivité de la France en tant que destination d'investissement, seuls 13% (des décideurs interrogés) émettent un avis positif", relève le communiqué.
Le baromètre a été établi à partir de 82 réponses recueillies auprès de sociétés "représentant plus de 55.000 employés et plus de 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires".
Dans le détail, le Crédit impôt recherche est le seul dispositif gouvernemental qui trouve grâce aux yeux des investisseurs américains, peu convaincus au contraire par le Crédit impôt compétitivité emploi, et très critiques sur le coût de la main d’œuvre, l'organisation du temps de travail ou la législation sur les licenciements.
"Ce qui émerge également de manière récurrente, c'est le manque de lisibilité de la politique économique et budgétaire", a commenté Marc-André Kamel, associé chez Bain, lors d'une conférence de presse, en reconnaissant que l'image négative de la France était "renforcée" par des articles de presse à charge de certains grands journaux et magazines anglo-saxons. Pour lui, les chiffres du baromètre "traduisent beaucoup, beaucoup d'anxiété".
"Il y a une impression de mille-feuille fiscal qui change tout le temps et qui mine les atouts" du pays, a déclaré pour sa part Clara Gaymard, présidente de la chambre de commerce.
Parmi ces atouts pour l'attractivité de la France: la qualité des infrastructures, et le niveau de qualification de la main d’œuvre, selon les investisseurs américains.
La chambre de commerce américaine a par ailleurs interrogé les salariés américains installés en France sur leur vie quotidienne. Ils sont seulement 9% à recommander le pays.
Il ressort que si ces salariés sont "irrités" par le niveau d'imposition (65% d'opinions défavorables), la bureaucratie (58%) et le climat social (54%), ils sont en revanche satisfaits du système social, avec des opinions favorables en particulier pour la santé et le système scolaire.
Sur la santé en particulier, les Américains installés en France "trouvent le système fascinant", selon M. Kamel. La fiscalité, au contraire, "est devenue dissuasive pour les cadres étrangers", assure Mme Gaymard.
Et d'ajouter: "Il y a un élément majeur qui n'apparaît pas" dans les chiffres, "c'est la comparaison perpétuelle avec l'Allemagne", qui "revient tout le temps" dans le discours des investisseurs américains, a-telle également souligné.