La Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) conclut mercredi une réunion de politique monétaire qui devrait déboucher sur une nouvelle diminution modique de son aide à l'économie américaine, estiment les analystes.
Le Comité de politique monétaire (FOMC), présidé pour la dernière fois par Ben Bernanke, rendra sa décision publique dans un communiqué vers 19H00 GMT.
Le 31 janvier, Ben Bernanke, 60 ans, qui a été à la tête de la banque centrale pendant huit ans, passera les rênes à Janet Yellen, une femme pour la première fois présidente de la Fed. Néanmoins aucune conférence de presse n'est prévue pour cette réunion ordinaire du FOMC.
Une vaste majorité d'analystes s'attend à ce que la banque centrale continue à réduire ses achats mensuels d'actifs qui étaient destinés à soutenir la reprise et influer sur les taux à la baisse, favorisant l'investissement et l'emploi.
Elle a initié cette réduction après sa dernière réunion, le 18 décembre.
Les taux directeurs doivent quant à eux rester proches de zéro comme ils le sont depuis fin 2008 et la Fed a promis qu'ils devraient le rester "bien après" que le taux de chômage descende sous 6,5% (il est actuellement de 6,7%). La plupart des membres du FOMC n'envisagent pas de hausse des taux avant 2015 alors que l'inflation mesurée par l'indice PCE est bien en dessous de l'objectif de 2% (0,9% en novembre).
Selon une enquête de la chaîne câblée économique CNBC auprès de 45 gestionnaires de portefeuilles, investisseurs et économistes, 87% estiment que la Fed réduira comme précédemment de 10 milliards de dollars ses achats de bons du Trésor et de titres appuyés sur des créances hypothécaires (MBS).
Cela porterait les injections de liquidités à 65 milliards de dollars par mois, probablement 35 milliards en bons du Trésor et 30 milliards en MBS. A ce rythme, la Fed aura terminé ces dépenses après sa réunion de fin octobre prochain.
Dans l'ensemble, les analystes estiment que les tourmentes que connaissent les devises de plusieurs pays émergents, de la Turquie à l'Argentine, ne devraient pas dissuader la Réserve fédérale américaine d'abandonner lentement cette politique expansionniste non-conventionnelle.
Les perspectives de diminution des achats de bons du Trésor par la Fed provoquent une fuite des capitaux des pays émergents vers un billet vert revigoré.
"C'est aux banques centrales de ces pays de répondre, pas à la Fed", estime Paul Ashworth, pour Capital Economics. Mardi soir, la banque centrale turque a fortement relevé son taux d'intérêt au jour le jour pour protéger la livre.
"Globalement l'économie des Etats-Unis continue de s'améliorer et la décision de commencer à réduire le soutien monétaire le mois dernier était prudemment calculée", estime Kathy Lien de BK Asset Management, pour laquelle la Fed va "fermer les yeux sur les nouvelles économiques moins reluisantes du mois dernier et continuer à réduire ses achats d'actifs".
Parmi ces nouvelles décevantes figure le mauvais chiffre des créations d'emplois pour décembre (74.000) et une chute inattendue des commandes de biens durables (-4,3%) le même mois.
De rares analystes affirment pourtant que la Fed va faire une pause dans la réduction de son aide à l'économie.
"Les marchés financiers vont continuer de baisser tant que la Fed demeurera sur cette trajectoire de réduction", assurait mardi Peter Schiff, un courtier en investissement, président d'Euro Pacific Capital sur CNBC. "La bulle de prix des actifs se dégonfle parce que la Fed menace de retirer le stimulus, et tout-à-coup la reprise disparaît".
Le moral des ménages établi par le Conference Board mardi a pourtant affiché une hausse en janvier à 80,7, ce qui reste loin de sa base 100 qui remonte à 1985.
Dans le même temps, un récent sondage de la chaîne Fox News montre que 74% des Américains ont encore l'impression que le pays est en récession.
Une première estimation de la croissance du Produit intérieur brut (PIB) américain au quatrième trimestre sera publiée jeudi et les prévisions tablent sur une expansion de 3%.