Après avoir ployé sous les inquiétudes internationales, la Bourse de Paris espère une solution à la crise ukrainienne pour rebondir la semaine prochaine et s'apprête à décortiquer les annonces de la Banque centrale américaine (Fed).
L'indice CAC 40 a reculé de 0,8% au cours de la semaine écoulée, pour terminer vendredi à 4.216,37 points. Comme pendant le trou d'air sur les pays émergents fin janvier, il a ainsi effacé tous ses gains récemment engrangés. Depuis le 1er janvier, il a désormais perdu 3,44,%.
Le sort du marché sera encore une fois lié à celui de l'Ukraine la semaine prochaine. L'approche du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie (dimanche) et les échecs diplomatiques plombent le moral des investisseurs, inquiets d'éventuelles sanctions contre Moscou.
"De telles sanctions seraient clairement une mauvaise nouvelle pour les économies russe et ukrainienne et ont le potentiel de déstabiliser les marchés si la Russie réduit ses exportations de gaz vers l'Europe", résument les économistes de BNP Paribas.
Les tensions géopolitiques pèsent sur toutes les Bourses mondiales, y compris Wall Street, qui semblait jusqu'ici plutôt épargnée.
"Sans solution à la crise en Ukraine, on va sûrement continuer dans cette lignée car le marché n'a pas de bonnes nouvelles à se mettre sous la dent: les résultats d'entreprises sont presque terminés, les indicateurs américains restent difficiles à interpréter à cause du mauvais temps et la réduction des achats d'actifs de la Fed doit se poursuivre", déclare Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet Banque Privée.
"L'enthousiasme du marché est freiné par le contexte géopolitique, mais on ne peut pas parler de pessimisme ambiant", nuance-t-elle.
Depuis le début de l'année, le CAC 40 et d'autres places financières ont montré leur volonté de tester certains sommets.
A court terme, la finance internationale reste toutefois entièrement dépendante des évolutions de la crise ukrainienne.
Nouvelle coupe dans les achats d'actif de la Fed
"Les investisseurs adoptent leur réaction habituelle aux temps de crises. Ils s'éloignent des actions pour aller vers des valeurs refuges comme l'or, le franc suisse, les obligations d'Etat les plus sûres. (...) Difficile de dire s'il y aura une correction supplémentaire (en Bourse) la semaine prochaine, mais les incertitudes vont provoquer une grande volatilité", commente Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier Aurel BGC.
Le ralentissement de l'économie en Chine, autre inquiétude de la semaine écoulée, devrait avoir moins d'impact sur le marché, selon M. Mourier et Mme Seivy. Seuls les prix de l'immobilier en février sont attendus de la part de Pékin la semaine prochaine.
Les investisseurs se tourneront plutôt vers Washington, où la réunion de la Fed monopolisera l'attention. L'ensemble des analystes table sur une nouvelle coupe de 10 milliards de dollars dans les achats d'actifs de l'institution.
Les membres de la Fed sont moins attendus sur leurs actions que sur leur communication. L'enjeu est de repousser les anticipations des marchés sur une remontée du taux directeur du grand argentier.
La Fed a en effet annoncé une remontée de ce taux, un certain temps après un éventuel passage du chômage sous la barre des 6,5%. Or, le marché du travail se rapproche de ce seuil plus vite que prévu.
"Ils doivent modifier leur communication et se sortir du piège dans lequel ils se sont mis en faisant référence directement au taux de chômage. (...) Il est possible qu'ils conditionnent une remontée des taux à une amélioration générale du marché du travail avec des critères plus divers", explique M. Mourier.
"La difficulté, c'est comment être clair en étant moins précis?", s'interroge l'économiste.
Le reste de la semaine sera rythmé par de nombreuses statistiques américaines. Plusieurs indicateurs d'activités et d'autres sur le marché de l'immobilier sont notamment attendus.
Ces chiffres resteront toutefois "difficiles à interpréter car une nouvelle vague de froid en février continue de perturber l'analyse économique", rappelle M. Mourier.
Côté européen, l'agenda est plutôt léger. Une éventuelle révision à la baisse de l'inflation pour le mois de février pourrait relancer le débat sur le statu quo maintenu par la Banque centrale européenne (BCE), qui rechigne à prendre des mesures de soutien à l'économie.
"La croissance en Europe combat pour l'instant l'idée d'une spirale déflationniste. (...) Mais si l'euro monte encore plus haut la semaine prochaine et pénalise la zone à l'exportation, cela pourrait forcer la BCE à intervenir", estime Mme Seivy.