La réforme de Wall Street, priorité numéro un du président Barack Obama, a essuyé lundi un revers au Sénat américain avec l'échec d'un vote destiné à ouvrir les débats en séance plénière, en raison notamment d'une opposition en bloc des républicains.
Juste après le vote, le président Obama s'est dit "profondément déçu que les républicains du Sénat aient voté en bloc contre l'ouverture des débats sur la réforme de Wall Street".
"Les Américains ne peuvent se permettre cela", a ajouté le président qui a accusé certains républicains de retarder les débats pour "poursuivre les discussions derrière des portes closes, où les lobbyistes de l'industrie financière peuvent amoindrir la réforme ou bien la tuer".
Ce vote, qui était un premier test crucial pour la réforme souhaitée par le président, intervient alors que les dirigeants de la banque Goldman Sachs s'expliqueront mardi au Congrès sur leurs écarts présumés.
Seuls 55 sénateurs démocrates et deux indépendants ont voté pour l'ouverture des débats, soit 57 "oui", alors que 60 étaient nécessaires.
Aucun des 41 élus républicains n'a voté "oui" et le démocrate Ben Nelson a voté contre.
Le chef de la majorité démocrate, Harry Reid, a également voté "non", ce qui lui permet d'envisager une nouvelle tentative de faire approuver l'ouverture des débats à une date ultérieure, selon les règles du Sénat.
Un vote pour le coup d'envoi des débats signifierait "que nous avons cessé d'écouter les Américains sur le sujet", avait déclaré avant le vote Mitch McConnell le chef de la minorité républicaine.
Les démocrates avaient pourtant réagi, avant le vote, face au risque de paralysie en plaçant les républicains devant un choix délicat en période électorale: être pour ou contre des règles plus musclées pour les gros bras de Wall Street.
"Nous restons ouverts à travailler avec nos collègues républicains, mais nous ne tolérerons pas les efforts pour ralentir ce processus ou diminuer cette réforme car elle est trop importante pour les familles des classes moyennes américaines", a écrit M. Reid dans un communiqué après le vote.
A environ six mois des élections de mi-mandat, les discussions sur le sort de Wall Street s'intensifient, alors que selon un sondage Washington Post/ABC publié lundi, l'opinion américaine soutient à 65% contre 31% un renforcement du contrôle du système financier.
Mardi, les plus hauts dirigeants de Goldman Sachs, dont le PDG Lloyd Blankfein, témoigneront devant la commission permanente des enquêtes du Sénat aux côtés de Fabrice Tourre, un Français au centre de la plainte des autorités boursières américaines contre la banque d'affaires.
Samedi, la commission a publié des échanges de messages électroniques impliquant certains des plus hauts dirigeants de Goldman Sachs et montrant que cette banque avait pu empocher des dizaines de millions de dollars grâce à la baisse du marché des crédits immobiliers à risque, ce dont la banque se défend.
Les républicains s'opposent notamment à la mise en place d'un fonds de 50 milliards de dollars "prépayé" par les banques pour faire face à d'éventuelles difficultés. Ils affirment que les sauvetages d'établissements financiers au frais des contribuables sont toujours possibles avec le texte des démocrates.
Le projet de loi prévoit la création d'un organisme de protection du consommateur financier au sein de la banque centrale (Fed). Il propose une meilleure supervision de l'immense marché des produits dérivés. Les auteurs du texte entendent également mettre fin aux sauvetages des grandes institutions financières en difficulté aux frais des contribuables.