LISBONNE (Reuters) - Espirito Santo Financial Group, principal actionnaire de la banque portugaise Banco Espirito Santo, a demandé jeudi à être placée en redressement judiciaire auprès des autorités luxembourgeoises pour se mettre à l'abri de 1,5 milliard d'euros de créances.
ESFG est la troisième entité de la famille Espirito Santo à demander une protection contre ses créanciers en moins d'une semaine, suscitant de nouvelles inquiétudes sur BES, établissement plus que centenaire qui est le joyau de l'empire familial et la première banque commerciale du Portugal.
Le régime de gestion contrôlée "facilitera la vente par étapes des actifs, pour servir au mieux les intérêts de tous les créanciers", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
ESFG détient 20% de BES et a aussi contracté auprès de la banque pour plus de 800 millions d'euros de prêts.
Crédit agricole -qui prévoit de réduire sa participation- est actuellement le deuxième actionnaire de la banque portugaise, avec un peu moins de 15% du capital.
Les autorités portugaises s'efforcent de faire une distinction entre les difficultés financières des différentes holdings de la famille Esperito Santo -présentes dans le tourisme, l'immobilier et la santé- et la situation propre de BES, qui dit avoir des capitaux suffisants pour couvrir les pertes liées à son exposition.
Un porte-parole de la banque a dit jeudi n'avoir aucun commentaire à faire sur la démarche d'ESFG.
Dans un communiqué, ESFG a dit être dans l'incapacité d'honorer les obligations de son programme de papier commercial.
La holding avait une dette externe non garantie de 830,2 millions d'euros à la fin juin et avait par ailleurs garanti 470 millions empruntés par deux filiales, selon un communiqué publié par BES le 3 juillet.
Après sa participation dans BES, l'actif le plus important d'ESFG est l'assureur portugais Tranquilidade, dont la valeur comptable se montait à 515 millions d'euros à la fin 2013.
Les craintes sur l'exposition de BES aux holdings de la famille Espirito Santo ont fait chuter son cours de Bourse de plus de 50% au cours du mois écoulé, après la découverte d'irrégularités comptables dans l'une des principales entités de la galaxie.
Pour ne rien arranger, Ricardo Espirito Santo Salgado, patriarche de l'empire familial et ancien directeur général de BES, a été placé en garde à vue jeudi dans le cadre d'une enquête -engagée depuis longtemps- pour soupçons de blanchiment d'argent et d'évasion fiscale.
(Laura Noonan, Véronique Tison pour le service français)