La croissance en Espagne a gagné en force au deuxième trimestre avec une progression de 0,6% du Produit intérieur brut, une bonne nouvelle qu'est venue assombrir mercredi la baisse des prix, preuve que la consommation reste à un niveau bas.
Cette progression du Produit intérieur brut est le meilleur chiffre enregistré depuis la fin 2007 et marque le quatrième trimestre d'affilée de hausse, après 0,4% sur les trois premiers mois de l'année, rappelle l'Institut national de la statistique (Ine).
C'est aussi mieux que les 0,5% anticipés la semaine dernière par la Banque d'Espagne.
En variation annuelle, l'augmentation est de 1,2% et s'explique par "une meilleure contribution de la demande intérieure, contrebalancée partiellement par une dégradation de la contribution de la demande extérieure".
Malgré un taux de chômage élevé et des salaires faibles, les Espagnols sont plus confiants dans l'avenir, ce qui les incitent à consommer plus, estime Thibault Mercier, économiste chez BNP Paribas. A cela s'ajoutent "les investissements des entreprises qui sont très dynamiques".
Mais la demande, si elle redémarre, reste à un niveau trop bas pour tirer les prix vers le haut, poursuit l'économiste. Ceci s'est traduit en juillet par un recul des prix à la consommation, de 0,3% sur un an.
Ce chiffre, provisoire, s'explique "principalement par la stabilité des prix des carburants et des lubrifiants, ainsi que des aliments et des boissons sans alcool". "La baisse des prix de l'électricité a aussi joué un rôle dans cette évolution", explique l'Ine.
L'inflation avait déjà plongé en territoire négatif en mars, avec un recul de 0,2%, avant de repartir en légère hausse en avril (+0,3%) et en mai (+0,2%) et de se stabiliser en juin. Elle reste ainsi bien en-dessous de l'objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE) d'un taux légèrement inférieur à 2%.
L'Union d'associations de travailleurs indépendants et petites entreprises (UATAE) s'en est émue mercredi. Pour sa secrétaire générale, Maria José Landaburu, "tout indique que ce niveau faible des prix, à la limite de la déflation, va se maintenir dans les mois à venir", signe que la reprise économique se fait "de manière désespérément lente".
Pour autant, l'Espagne est encore loin d'être menacée par la déflation, qui correspond à une baisse généralisée dans la durée des prix et des salaires, minant l'ensemble de l'économie, tempère Thibault Mercier.
- Chômage et emploi précaire -
L'Espagne, sortie au troisième trimestre 2013 de deux ans de récession, a connu une période de déflation en 2009, avec un recul des prix pendant huit mois consécutifs. Ce phénomène a pour conséquence de décourager les achats des consommateurs et des entreprises, qui préfèrent les reporter dans l'espoir de payer moins cher plus tard.
Le faible taux d'inflation, qui concerne l'ensemble de la zone euro, inquiète la BCE. Elle a adopté en juin une série de mesures exceptionnelles pour soutenir l'économie de la zone euro qui peine à décoller et tenter de faire grimper l'inflation, trop basse par rapport à son objectif.
Le gouvernement espagnol lui, reste optimiste sur les perspectives du pays.
Le ministre de l'Economie Luis de Guindos a revu mardi en hausse ses prévisions. L'exécutif table sur une croissance proche de 1,5% cette année et de 2% en 2015, alors qu'il visait jusqu'alors un plus de 1,2% en 2014 puis de 1,8%.
Il compte aussi améliorer en septembre ses attentes pour le taux de chômage. Si ce dernier a reflué sous la barre symbolique des 25% au deuxième trimestre, il reste à un niveau dramatiquement élevé à 24,47%, l'un des plus hauts du monde industrialisé.
Ce taux reste bien loin des niveaux d'avant crise, quand un plus bas historique avait été atteint au deuxième trimestre 2007, à 7,93%. Les syndicats dénoncent la montée de l'emploi précaire, avec toujours plus de contrats à temps partiel ou à durée limitée, tandis que les chômeurs de longue durée sont de plus en plus nombreux à ne percevoir aucune prestation.