BNP Paribas a annoncé vendredi le départ prématuré de son président Baudouin Prot, qui cédera le 1er décembre les rênes de la banque à son conseiller Jean Lemierre, près de trois mois après que le groupe eut reçu une amende record aux Etats-Unis pour violations d'embargos.
L'information, qui avait largement circulé en début de semaine, a été entérinée à l'issue d'un conseil d'administration réuni vendredi soir.
Président du groupe depuis décembre 2011, M. Prot, 63 ans, a ainsi décidé de mettre un terme à une carrière de plus de 30 ans au sein de la première banque française en termes de capitalisation boursière, "pour des raisons personnelles".
"Après m'être pleinement consacré à la réussite du groupe depuis plus de 30 ans, j'ai décidé, pour des raisons personnelles, de prendre du recul", selon un communiqué. "J'estime que le moment est venu pour moi de passer le flambeau à un nouveau président, qui apportera une énergie nouvelle à notre entreprise, à l'heure où les défis d'après-crise se présentent".
Son successeur, Jean Lemierre, ancien directeur du Trésor entré dans la banque en 2008, reprendra également le mandat d'administrateur de Baudouin Prot, qui coupe ainsi tous ses liens avec la banque.
Le départ de M. Prot avait été évoqué plusieurs fois dans la presse au beau milieu de l'affaire des violations d'embargos qui a écorné la réputation de la banque mais les autorités américaines n'ont jamais réclamé son départ.
- Figure emblématique -
S'il n'a pas personnellement été mis en cause, M. Prot avait été très affecté par cette affaire, selon des sources internes, ce qui a motivé sa décision de ne pas aller au bout de son mandat qui courait jusqu'en 2017.
Cet énarque et inspecteur des finances a été directeur général de l'établissement financier de 2003 à 2011, période au cours de laquelle la banque a enfreint la loi américaine en effectuant des paiements en dollars vers des pays (Cuba, Soudan et Iran) sous embargo américain.
Ces infractions ont valu à BNP Paribas de lourdes sanctions aux Etats-Unis, dont une amende record de 8,9 milliards de dollars (6,6 milliards d'euros).
Figure emblématique de BNP Paribas, M. Prot a contribué à faire de la banque un mastodonte de son secteur, au sein du tandem qu'il formait avec le président Michel Pébereau, auquel il succéda.
Parmi ses faits d'armes figurent notamment les rachats de BNL en Italie en 2006 puis de l'établissement belge Fortis en 2009, l'un des coups de maître de la crise financière.
"Nous devons à Baudouin Prot son engagement total pendant la crise financière des années 2007 à 2011, affrontant quotidiennement, au coeur de ses équipes, des situations sans précédent pour le secteur financier. Son bilan au service de l'entreprise est excellent", estime le conseil d'administration du groupe.
"Les 31 ans que j'ai passés dans cette entreprise ont été une succession de défis, mais aussi et surtout, une aventure humaine exceptionnelle. Cette période restera la grande aventure de ma vie professionnelle", confie en retour le président sortant.
- Plan stratégique -
Selon le magazine Capital, M. Prot devrait bénéficier d'une prime de départ de 150.000 euros ainsi que d'une retraite-chapeau d'au moins 522.432 euros par an soit l'équivalent de 43% de sa rémunération en 2013 (1,2 million d'euros).
Jean Lemierre, dont la candidature était soutenue par Michel Pébereau, mais aussi par le directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, aura à accompagner la mise en oeuvre du plan stratégique 2014/2016 du groupe.
"Jean Lemierre peut compter sur la mobilisation de nous tous au service de notre projet", a souligné M. Bonnafé dans le communiqué.