PARIS/LONDRES (Reuters) - Les Bourses européennes creusent nettement leurs pertes à la mi-séance, plombées par les inquiétudes croissantes sur l'économie mondiale et les craintes d'une déflation dans la zone euro.
Après une tentative de rebond qui a fait long feu à l'ouverture, les marchés d'actions européens ont repris le plongeon entamé mercredi. A Paris, le CAC 40 lâche 1,94%, soit 76,47 points, à 3.863,25 points vers 12h50. À Francfort, le Dax recule de 1,78% et à Londres, le FTSE de 1,86%. L'indice paneuropéen EuroStoxx 50 perd 2,19%.
Quant au FTSEurofirst 300, en repli de plus de 13% depuis septembre, il a touché un plus bas de 13 mois à 1.215,62 points. L'indice cédait 1,98% à 1.227,26 points vers 13h00.
Signe de l'extrême nervosité des marchés et de l'aversion au risque, l'indice de la volatilité de l'Euro Stoxx 50 a grimpé jusqu'à 35,5 jeudi, au plus haut depuis la mi-2012.
Les places boursières des pays dits périphériques, considérées comme les plus risqués de la zone euro, accusent les plus fortes baisses. A Madrid, l'Ibex abandonne 3,26% et Milan lâche 2,91%.
Ajoutant aux inquiétudes sur la santé de l'économie mondiale, le taux annuel d'inflation a été confirmé à 0,3% en septembre dans la zone euro, son plus bas niveau depuis octobre 2009.
Le soudain regain de nervosité des marchés est également lié aux craintes de voir la Grèce sortir trop tôt du programme d'aide international. Certains investisseurs s'interrogent sur la capacité de la Banque centrale européenne (BCE) à empêcher une nouvelle crise de la dette souveraine.
Les coûts d'emprunt de certains des pays les plus endettés de la zone euro sont repartis à la hausse jeudi, le rendement des obligations grecques à 10 ans étant repassé au-dessus de la barre symbolique de 8% pour la première fois depuis février.
Pour tenter d'enrayer cette flambée, la BCE a réduit la décote qu'elle applique sur les obligations que les banques grecques apportent comme garantie pour emprunter à ses guichets, a dit à Reuters un responsable de la banque centrale grecque. La Commission européenne a de son côté fait savoir qu'elle travaillerait avec la Grèce à une sortie en douceur du plan d'aide.
La Bourse d'Athènes, qui a perdu 11% en deux jours, limite ses pertes à -0,54%.
Dans ce contexte, la série de résultats trimestriels publiés dans la matinée est passée au second plan.
Toutes les valeurs du CAC à Paris sont dans le rouge ainsi que l'ensemble des indices sectoriels européens. L'indice du secteur bancaire chute de 2,8%, celui des télécoms de 2,54% et celui du gaz et du pétrole de 2,46%.
Les valeurs dites cycliques, les plus sensibles à la conjoncture, s'enfoncent. A Paris, EDF, en tête des baisses du CAC, lâche 5,7%, suivi de Société générale (-5,02%). La banque française accuse la plus forte baisse de l'EuroStoxx 50, devant Deutsche Bank (-4,47%).
Sur le marché des changes, l'euro se replie nettement. La monnaie unique a touché un plus bas de onze mois face au yen et reculait nettement face au dollar à 1,2734.
Du côté du pétrole, les cours continuent de refluer avec le baril de Brent livraison novembre qui cède 1%, sous les 83 dollars.
(Mathilde Gardin pour le service français, édité par Véronique Tison)