Le parti au pouvoir en Afrique du Sud a reconnu mardi avoir sous-estimé "le bain de sang" économique provoqué par la nomination la semaine dernière d'un député inexpérimenté au poste-clé de ministre des Finances, une décision qui avait affolé les marchés.
Le 9 décembre, le président sud-africain Jacob Zuma avait, à la surprise générale, démis son ministre des Finances, le respecté Nhlanla Nene, pour le remplacer par l'inexpérimenté David van Rooyen.
En deux jours, le rand sud-africain avait perdu 8% de sa valeur face au dollar et à l'euro, atteignant vendredi son plus bas historique face à ces deux monnaies. Le rendement des taux obligataires sud-africains avait lui dépassé 10%, une première depuis sept ans dans la première puissance industrialisée d'Afrique.
"Évidemment, lorsque le nom de M. van Rooyen a été mentionné, nous pensions qu'il y aurait un impact car il est jeune. (...) Mais nous n'avions pas anticipé l'énormité de l'impact", a reconnu Jessie Duarte, la secrétaire générale adjointe du Congrès national africain (ANC), au cours d'une conférence de presse mardi.
Après seulement quatre jours en poste, David van Rooyen a finalement été limogé et remplacé par une valeur sûre, Pravin Gordhan, qui avait déjà occupé le poste de ministre des Finances de 2009 à 2014.
"Ce qui est important c'est qu'un changement ait été effectué et que cette action ait été menée pour rectifier ce qui a causé, selon nous, un bain de sang économique", a ajouté Jessie Duarte à Johannesburg.
Lors de cette conférence de presse, l'ANC est revenue sur le déroulement du week-end et sur le rôle qu'il a joué pour tenter de résoudre la crise.
"Les responsables du parti se sont entretenus ce week-end avec les dirigeants des banques en Afrique du Sud, y compris celui de Goldman Sachs", a expliqué Jeff Radebe, directeur de la politique de l'ANC.
Cette réunion a précédé celle dimanche après-midi entre M. Zuma et l'ANC, a précisé Jessie Duarte. Quelques heures plus tard, le président annonçait le départ de David van Rooyen.
L'ANC, au pouvoir depuis la fin officielle du régime d'apartheid en 1994, est très influente. Pour preuve, en 2008, elle avait poussé à la démission le chef de l'Etat, Thabo Mbeki.
Mardi matin, le compte Twitter de l'ANC Johannesburg a affolé les réseaux sociaux en annonçant que la destitution de Jacob Zuma allait être annoncée lors de la conférence de presse du parti. Le tweet a finalement été rapidement retiré, l'ANC expliquant que son compte avait été piraté.
La nomination de Pravin Gordhan a été saluée par les marchés et le rand a récupéré lundi la moitié de ses pertes enregistrées depuis la semaine dernière.